Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/92

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LE SOUPER DES ARMURES


Biorn, étrange cénobite,
Sur le plateau d’un roc pelé,
Hors du temps et du monde, habite
La tour d’un burg démantelé.

De sa porte l’esprit moderne
En vain soulève le marteau :
Biorn verrouille sa poterne
Et barricade son château.

Quand tous ont les yeux vers l’aurore,
Biorn, sur son donjon perché,
À l’horizon contemple encore
La place du soleil couché.

Âme rétrospective, il loge
Dans son burg et dans le passé ;
Le pendule de son horloge
Depuis des siècles est cassé.