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Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/101

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DE L’ESPRIT HUMAIN.

accablante ; l’admiration, une surprise pleine de respect[1].

La plupart de ces sentiments ne sont pas trop composés, et n’affectent pas aussi durablement nos âmes que les grandes passions. l’amour, l’ambition, l’avarice, etc. Le peu que je viens de dire à cette occasion répandra une sorte de lumière sur ceux dont je me réserve de parler ailleurs.

41. — De l’amour des objets sensibles.

Il serait impertinent de dire que l’amour des choses sensibles, comme l’harmonie, les saveurs, etc., n’est qu’un effet de l’amour-propre, du désir de nous agrandir, etc., etc. Cependant tout cela s’y mêle quelquefois. Il y a des musiciens, des peintres, qui n’aiment chacun dans leur art que l’expression des grandeurs[2], et qui ne cultivent leurs talents que pour la gloire ainsi d’une infinité d’autres.

Les hommes que les sens dominent ne sont pas ordinairement si sujets aux passions sérieuses, l’ambition, l’amour de la gloire, etc. Les objets sensibles les amusent et les amollissent ; et s’ils ont les autres passions, ils ne les ont pas aussi vives.

On peut dire la même chose des hommes enjoués ; parce que, ayant une manière d’exister assez heureuse, ils n’en cherchent pas une autre avec ardeur. Trop de choses les distraient ou les préoccupent.

On pourrait entrer là-dessus, et sur tous les sujets que j’ai traités, dans des détails intéressants. Mais mon dessein n’est pas de sortir des principes, quelque sécheresse qui les accompagne ils sont l’objet unique de tout mon discours ; et je n’ai ni la volonté ni le pouvoir de donner plus d’application à cet ouvrage[3].

  1. Il faut avouer que la plupart des définitions accumulées ici ne se rattachent pas assez étroitement au sujet annoncé par le titre du chapitre. — G.
  2. Vauvenargues veut-il dire que des artistes n’aiment leur art que comme moyen d’exprimer la grandeur de leur génie ? — La phrase est au moins obscur. — G.
  3. Dans la premiere édition, ce chapitre finissait ainsi : « Il serait sans doute agréable d’élever un edifice sur ses fondements, de l’orner, de s’y reposer :