83. — [sua LA raausrs mns LA cormuxrs.]
[Lorsque l’on se propose un grand objet dans sa conduite,
on peut suivre d'humbles chemins, pourvu qu’ils soient les ·
plus courts ; le but ennoblit les moyens. Un homme vain et -
d'un petit esprit se cahre à la rencontre des moindres dé-
goûts, ne peut supporter la hauteur des gens en place et la
fatuité des sots; ii est toute sa vie comme celui qui n'aurait
jamais vule monde; tout l'étonne, tout le révolte, et, quoi-
qu'il fasse a peu près les memes choses pour sa fortune que
les autres hommes, il ne les fait jamais ni a leur place, ni
avec succès. Celui qui s’élève au-dessus de ces petites dé-
licatesses sait tléchir a-propos sous la loi dela fortune, de
la situation et des temps; ni les injustices des grands, ni
l’élévati0n des méchants, ni les mauvais offices de ses en-
nemis, ni la vanité des gens riches, ne peuvent l'avilir a ses
propres yeux; incapable de se laisser amuser par l'estime
et la tlatterie de quelques amis, il se jette parmi la foule,
aborde ses adversaires et ses rivaux, ne craint pas d'appro-
cher ceux qui pourraient le dominer par quelque endroit,
mais cherche, au contraire, à lutter, à se familiariser avec
leurs avantages, afin de trouver le point faible par lequel
il pourra les entamer, ou du moins s'égaIer a eux. Trop
fier pour se croire tlétri par les avantages que la fortune
peut donner a ses concurrents, il sait soutenir le malheur;
égal dans la prospérité et dans les disgrâces, il fait assez
voir que le succès n'a jamais été que le second objet de
ses efforts; le premier était d’obéir a son génie, et d'em-
ployer toute l'activité de son âme dans une carrière sans
bornes ‘.]
- C'est dans oe morceau, et dans plusieurs autres du même ton, q¤'0n
reconnait ce coup de pinceau si fer dont parle Voltaire dans une de ses lettres i Vauve¤l|'$¤¤¤ (mai 17lt6). - G. p