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Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/226

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172 D I SCOU RS mettre dans un beau jour, et rien ne leur est échappé: mais parce que nous oublions très—promptement jusqu'aux choses qu’il nous importe le plus de retenir, il ne sera pas inutile de remettre devant nos yeux une vérité si sublime, et si outragée de nos jours. Si nous n’employons pour la défendre ni de nouveaux raisonnements, ni de nouveaux tours, que personne n'en soit surpris; qu'on sache que la vérité est une, qu’elle est immuable , qu’elle est éternelle. Belle de sa propre beauté, riche dans son fonds, invincible, elle peut se montrer toujours la meme, sans perdre sa force ou sa grace, parce qu’elle ne peut vieillir ni s'atl`aiblir, et que, n’ayant pas pris son ètre dans les famtomes de notre imagination, elle rejette ses faux ornements. Que ceux qui prostituent leur voix au mensonge, s'ell`orcent de couvrir la faiblesse de leurs inventions par les illusions séductrices de la nouveauté; qu'ils se répandent inutilement en vains discours, puisqu'ils n'ont pour but que de plaire et d`amu- ser les oreilles curieuses. Lorsqu' il est question de persuader la vérité, tout ce qui est recherche est vain, tout ce qui n’est pas nécessaire est superflu; tout ce qui est pour l’au— teur, distrait, charge la mémoire, dégoûte. Animé par nn autre esprit, j'espére démontrer en peu de mots combien nos murmures enwrs la Providence sont injustes, combien meme elle est juste malgré nos murmures. Et premièrement, que ceux qui se plaignent de l'inéga- lité des conditions, en reconnaissent la nécessité indispen- sable : inutilement les anciens législateurs ont mue de les rapprocher; les lois ne sauraient empecher que le génie ne s’éléve au-dessus de Fincapacité, l'activité au-dessus de la paresse, la prudence au·dessus de la témérité. Tous les tempéraments qu'on a employés a cet égard ont été vains; l`art ne peut égaler' les hommes malgré la nature. Si l'on trouve quelque apparence, dans l’hlstoire, de cette égalité imaginaire, c'est parmi des peuples sauvages. qui vivaient sans lois et sans maitres, ne connaissaient d’autre droit que E * Éguler pour eyalùer. - G. ·