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Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/228

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comme il n’a pas créé les hommes pour la terre, mais pour une fin sans comparaison plus élevée’, il attacheaux émi- nentss conditions, les plus heureuses en apparence, de se- crets ennuis. ll n’a pas voulu que la tranquillité de l’àme dépendlt du hasard de la naissance; il a fait en sorte que le cœur de la plupart des hommes se format sur leur condi- tion. Le laboureur a trouvé dans le travail de ses mains la paix et la satiété, qui fuient l’0rgueil des grands. Ceux-ci n’ont pas moins· de désirs que les hommes les plus abjects‘; ils ont donc autant de besoins.

Une erreur sans doute bien grossière, c’est de croire que l’oisiveté puisse rendre les hommes plus heureux : la santé, la vigueur d’esprit, la paix du cœur, sont le fruit touchant du travail. ll n’y a qu’une vie laborieuse qui puisse amortir les passions, dont le joug est si rigoureux; c’est elle qui retient sous les cabanes le sommeil, fugitif des riches pa- lais. La pauvreté, contre laquelle nous_sommes si prévenus, n’ost pas telle que nous pensons : elle rend les hommes plus tempérants, plus laborieux, plus modestes; elle les · maintient dans l’innocence, sans laquelle il n’y a ni repos ni bonheur réel sur la terre.

Qu’envions·nous dans la condition des riches? Obérés eux-memes dans l'abondance par leur luxe et leur faste immodérés ; exténués à la fleur de leur age par leurs débauches criminelles; consumés par l’ambition et la jalousie à mesure qu’ils sont plus élevés; victimes orgueilleuses de la vanité et de l'intempérance; encore une fois, peuple aveugle, que leur pouvons·nous envier’? Considérons de loin la cour des princes, ou la vanité humaine étale avec éclat ce qu’elle a de plus spécieux : là, nous trouverons plus qu’ailleurs la bassesse et la servitude sous l’apparence

l Do tous lœ ouvrages de Vauvenargues, ce Discours est i pou prù le seul ou il fuse clairement allusion A une vie future.- G.

  • ll faudrait de l’é1u| le plus abject. - B.
  • Add. : [~ Invlerions-nous leurs excès, leurs fureurs, leurs plaisirs coupables, et leurs volontés insensées ? ]