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SUR LA FOI.


Foi; l’envie n'entre pas dans leur cœur; l'amhition ne le trouble point; l'injustice et la calomnie ne peuvent pas méme l'aigrir. Les approbations, les caresses, les secours impuissants des hommes, leurs refus, leurs dédains, leurs infidelités, ne les touchent que faiblement; ils n'en exigent rien ; ils n'en attendent rien; ils n’ont pas mis en eux leur dernière ressource; la Foi seule est leur saint asile, leur inébranlable soutien. Elle les console, de la maladie qui ac- cable les plus fortes âmes', de l’obscurité qui confond l'or- gueil des esprits ambitieux, de la vieillesse qui renverse sans ' ressource les projets et les vœux outrés, de la perte du temps qu' on croit irréparable , des erreurs de l'esprit qui l'humi— lient sans fin, des difîormités corporelles qu’on ne peut ni cacher ni guérir, enfin des faiblesses de l'âme, qui sont de tous les maux le plus insupportable et le plus irremédiahle ·. Hélas‘l que vous étes heureuses, âmes simples, âmes do- cilesl vous marche: dans des sentiers sûrs. Auguste Beli- gion, douce et noble créance, comment peut-on vivre sans I vous? et n’est-il pas bien manifeste qu`il manque quelque chose aux hommes , lorsque leur orgueil vous rejette 7 Les astres, la terre, les cieux, suivent dans un ordre im- xnuable l'éternelle loi de leur étre; toute la nature est con- duite par une sagesse éclatante; l`hon1me seul flotte au gré de ses incertitudes et de ses passions tyraimiques, plus troublé qu'éclairé de sa faible raison. Misérablement dé- laissé, conçoit-on qu’un étre si noble soit le seul privé de la régle qui règne dans tout l'univers? ou plutot, n’est-il pas sensible que, n'en trouvant point de solide hors de la Religion chrétienne, c'est celle qui lui fut tracée devant la naissance des cieux? Qu’oppose l‘impie à la foi d'une au- ¤ Voir les 6' et 7* lettres i Saint-Vincena. — G.

  • Outre que ces pensées se retrouvent, a peu pres en memes termes, dans

Ia6• lettre A Saint-Vinceris, notons des maintenant qu`il y a ici des détails parti- rulîcrs à Vauvenargues, cntrc autres la maladie, l'cb.rcurilé, et Iœ ditformiléz rorporellcs; nous on tirerons plus loin la conclusion.- G.

  • Notons aussi, des maintenant, que tel n’est pas le langage d‘un homme en

paix avec son Dieu. Ce mot est celui du regret, ou, tout au plua, de l’aspi- ration. — G.