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Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/346

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B2 ’ Essai autant qu'il est permis de l’ètre dans un camp. ll monte a cheval des le matin; il accompagne exactement l‘oflicier de jour, visite avec lui les postes de l’armée, voit écrire l' ordre, ’ mange ef. dort au quartier-général, et ne néglige aucune des pratiques qui peuvent le faire connaitre de ceux qui commandent. ll affecte de s'instruire par ses propres yeux des moindres choses : le major général ne dicte jamais l’ordre que Thersite ne le voie écrire'. On ne fait guère de détachement dont il ne soit; mais au moment de partir, quoiqu’il ait ordre de marcher le premier de sa brigade, on ne le trouve pas; on le cherche, on apprend qu’il est volon- taire a un fourrage qui se fait sans danger sur les derrières du camp, et un autre marche à sa place. .Ses camarades ne · l’estiment point, ne l’aiment point; mais il ne vit pas avec V eux; il les évite; et, si quelque ollicier-général lui demande le nom d’un officier de son régiment qui est de garde, Ther- site affecte de répondre qu’il le connait bien, mais qu’il ne se souvient pas de son nom. ll est empressé, otlicieux, fa- milier, insolent, et pourtant très-bas avec les grands sei- ' gneurs de l'armée. ll est l’ami des capitaines, de leurs gardes et de leurs secrétaires; il leur vend des chevaux et des four- gons, et gagne leur argent au jeu. S’il y a, malheureuse- ment, dela désunion entre les chefs, il tâche de tenir à tous les partis; il fait sa cour chez les deux maréchaux, et _ raconte le soir chez Fabius ce qu'i1 a ouî dire le matin dans l'autre camp. Personne ne sait mieux que lui les tracasse- tainea grecs qui se trouvèrent au siege de Troie. (Pest par cette raison que ce nom est ordinairement donné a ceux L qui l‘on croit pouvoir reprocher les memes défauts. —- F. • Var.: q'l'hersite est Pofûcier de l‘armee que l'on voit le plus. C’est lui ~ que l’on rencontre toujours L la suite du général, monte sur un petit die- « val qui boite, avec un harnais de velours en broderie, et un coureur qui ·« marche devant lui. S'il y a ordre A l‘armee de partir la nuit pour cacher · une marchea l‘ennemi, Thersite ne se couche point comme les autres, u quolqu'il y ait du temps; mais il se fait mettre des papillotea, et fait pou- - drer ses cheveux, en attendant qu'on batte la générale. ll accompagne exac- • tement l‘ofllcier do jour, et visite avec lui les postes de Parmée; il donne · des projets au genéral, ct fait un joumal raisonné de toutes les opérations ¤ de la campagne. ~ ,