Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/405

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
351
SUR QUELQUES CARACTÈRES.


les sciences; il lui brûle ses papiers et ses livres, et comme il a su que ce jeune homme avait fait un souper avec des gens de lettres, il l’a menacé de l'envoyer a la campagne, s'il continuait à voir mauvaise compagnie. « Que ne lisez- « vous, lui dit·il,. puisque vous aimez lalecture, l'histoire. « de votre maison? Vous ne trouverez pas la des savants, « mais des hommes de la bonne sorte; c’est vous qui serez · le premier pédant de votre race! »] A lt8. —— mois, ou LB Soi qui est glorieux. Le sot qui a de la vanité est Pennemi-ne des talents. S’il entre dans une maison où il se trouve un homme d'esprit, et si la maitresse du logis lui fait l'honneur de le lui pré- senter, Midas le salue légèrement, et ne répond point. Si · l'on ose louer en sa présence le mérite qui n’est pas riche', il s’assied auprès d`une table, et compte des jetons ou mele des cartes, sans rien dire. Lorsqu’il paraît un livre dans le monde qui fait quelque bruit, Midas jette d'abord les yeux sur la lin, puis sur le milieu du livre; ensuite il prononce que l’ouvrage manque d',ordre, et qu’il n'a jamais ·eu la force de l'achever. On parle devant lui d'une victoire que le héros du Nord ' a remportée sur ses ennemis; et, sur ce qu'ou raconte des prodiges de sa capacité et de sa valeur, Midas assure positivement que la disposition de la bataille a été faite par M. de Rottembourg, qui n’y était pas, et que le prince s'est tenu caché dans une cabane, jusqu’a ce que les ennemis fussent en déroute. Un homme, qui a été a cette action, l’assure qu’il a vu charger le roi a la tète de sa maison; mais Midas répond froidement qu'ou ne peut rien · attendre de bon, et qu’on ne verra jamais que des folies d‘un prince qui fait des vers, et qui est l'ami de Voltaire ‘. • Var.: - 8i cet homme d'eaprit ne a'eu va pas, et qu’il attire au con- traire, Pattention A lui, ~ Midas 1'nuicd, etc. • Nom que Voltaire a souvent employé pour désigner Frederic-le-Grand. La bataille dont il a'agit icl est, ama doute, celle de Frledbsrg, gagnée par Frédéric, le 6 juin UL5, sur le prince Charles de Lorraine.- B.

  • Var.: ·· ll ne peut entrer dans sa tète qu'un prince qui aime les arts,