253. Ni les dons, ni les coups de la fortune n’égalent ceux de la nature, qui la passe en rigueur comme en bonté[1].
254. Les biens et les maux extrêmes ne se font pas sentir aux âmes médiocres.
255. Il y a peut-être plus d’esprits légers dans ce qu’on appelle le monde, que dans les conditions moins fortunées.
256. Les gens du monde ne s’entretiennent pas de si petites choses que le peuple ; mais le peuple ne s’occupe pas de choses si frivoles que les gens du monde.
257. L’histoire fait mention de très-grands hommes que la volupté ou l’amour ont gouvernés ; elle n’en rappelle pas à ma mémoire qui aient été galants. Ce qui fait le mérite essentiel de quelques hommes ne peut même subsister dans quelques autres comme un faible[2].
258. Nous courons quelquefois les hommes qui nous ont imposé par leurs dehors, comme ces jeunes gens qui suivent amoureusement un masque, le prenant pour la plus belle femme du monde, et qui le harcèlent jusqu’à ce qu’ils l’obligent à se découvrir, et de leur faire voir qu’il est un petit homme avec de la barbe et un visage noir[3].
259. Le sot s’assoupit et fait diète en bonne compagnie, comme un homme que la curiosité a tiré de son élément, et qui ne peut ni respirer ni vivre dans un air subtil[4].
260. Le sot est comme le peuple, qui se croit riche de peu[5].
- ↑ Var. : « Les chagrins et les joies de la fortune se taisent à la voix de la nature, qui, » etc.
- ↑ [Bien. — V.]
- ↑ [Bien. — V.]
- ↑ [Bien. — V.] On lit dans quelques éditions : Le sot s’assoupit et fait la sieste ; c’est une faute. Les expressions du manuscrit sont fait diète : expressions qui offrent un sens très-précis ; c’est-à-dire, la nourriture du génie ne peut être à l’usage du sot. — B. — Ajoutons que notre leçon est celle, non-seulement du manuscrit, mais aussi des deux éditions originales. — G.
- ↑ [Joli ; mais le philosophe lui-même peut penser ainsi. — V.]