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ET MAXIMES.

405.  [La politique est la plus grande de toutes les sciences.]

406.  Les vrais politiques connaissent mieux les hommes que ceux qui font métier de la philosophie ; je veux dire qu’ils sont plus vrais philosophes.

407.  [La plupart des grands politiques ont un système, comme tous les grands philosophes ; cela fait qu’ils sont soutenus dans leur conduite, et qu’ils vont constamment à un même but. Les gens légers méprisent cet esprit de suite, et prétendent qu’il faut se gouverner selon les occurrences ; mais l’homme le plus capable de prendre toujours le meilleur parti dans l’occasion, ne manquera pas pour cela de se faire un système, sauf à s’en écarter dans les cas particuliers.]

408.  Ceux qui gouvernent les hommes ont un grand avantage sur ceux qui les instruisent ; car ils ne sont obligés de rendre compte ni de tout, ni à tous ; et, si on les blâme au hasard de beaucoup de conduites qu’on ignore, on les loue aussi de bien des sottises peut-être.

409.  Il est quelquefois plus difficile de gouverner un seul homme qu’un grand peuple.

410.  Faut-il s’applaudir de la politique, si son plus grand effort est de faire quelques heureux au prix du repos de tant d’hommes ? Et quelle est la sagesse si vantée de ces lois, qui laissent tant de maux inévitables, et procurent si peu, de biens[1] ?

411.  Si l’on découvrait le secret de proscrire à jamais la guerre, de multiplier le genre humain, et d’assurer à tous les hommes de quoi subsister, combien nos meilleures lois paraîtraient-elles ignorantes et barbares !

412.  Il n’y a point de violence ou d’usurpation qui ne

  1. Voir la Maxime 301e. — G.