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Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/90

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INTRODUCTION À LA CONNAISSANCE

fiance des événements, qui cherche à s’assurer contre les instabilités de la fortune par une excessive prévoyance, et manifeste cet instinct avide qui nous sollicite d’accroître, d’étayer, d’affermir notre être. Basse et déplorable manie, qui n’exige ni connaissance, ni vigueur d’esprit, ni jeunesse, et qui prend par cette raison, dans la défaillance des sens, la place des autres passions.

30. — De la passion du jeu.

Quoique j’aie dit que l’avarice naît d’une défiance ridicule des événements de la fortune, et qu’il semble que l’amour du jeu vienne au contraire d’une ridicule confiance aux mêmes événements, je ne laisse pas de croire qu’il y a des joueurs avares et qui ne sont confiants qu’au jeu encore ont-ils, comme on dit, un jeu timide et serré.

Des commencements souvent heureux remplissent l’esprit des joueurs de l’idée d’un gain très rapide qui paraît toujours sous leurs mains : cela détermine.

Par combien de motifs d’ailleurs n’est-on pas porté à jouer ? par cupidité, par amour du faste, par goût des plaisirs, etc. Il suffit donc d’aimer quelqu’une de ces choses pour aimer le jeu ; c’est une ressource pour les acquérir, hasardeuse à la vérité, mais propre à toute sorte d’hommes, pauvres, riches, faibles, malades, jeunes et vieux, ignorants et savants, sots et habiles, etc. aussi n’y a-t-il point de passion plus commune que celle-ci.

31. — De la passion des exercices.

Il y a dans la passion des exercices un plaisir pour les sens et un plaisir pour l’âme. Les sens sont flattés d’agir, de galoper un cheval, d’entendre un bruit de chasse dans une forêt ; l’âme jouit de la justesse de ses sens, de la force et de l’adresse de son corps, etc. Aux yeux d’un philosophe qui médite dans son cabinet, cette gloire est bien puérile ; mais, dans l’ébranlement de l’exercice, on ne scrute pas tant