Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/141

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sans doute, quand l’orage est passé, de revoir leur jeune famille et le nid qui leur est cher. Non que le ciel leur ait, je pense, départi une intelligence divine, une sagesse prophétique ; mais quand l’air et les mobiles vapeurs dont il est chargé changent leur cours, quand l’haleine des vents les condense ou les dilate tour à tour, ces variations agissent sur les êtres animés ; le calme et l’orage font sur eux des impressions différentes : de là le concert des oiseaux dans les champs, la joie des troupeaux et le cri triomphant du corbeau.

Si tu observes le soleil dans sa marche rapide, la lune dans ses phases diverses, jamais le lendemain ne te trompera, et tu ne te laisseras point surprendre à l’éclat perfide d’une nuit sereine. Si, lorsque la lune rassemble ses feux renaissants, son croissant apparaît obscur dans un ciel sombre, de grandes pluies menacent les laboureurs et les matelots ; mais si son front se colore d’une pudeur virginale, crains le vent : le vent fait toujours rougir la blonde Phébé. Si, le quatrième jour (ce présage est infaillible), tu la vois pure et lumineuse ; si elle trace dans le ciel un arc net et brillant, ce jour tout entier et ceux qui le suivront, jusqu’à la fin du mois, se passeront sans vent ni pluie ; et, sauvés du