Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souvent qu’un lézard inaperçu ronge leurs rayons ; le cloporte y cherche un refuge contre le jour qui le blesse ; la guêpe parasite s’y nourrit aux dépens d’autrui ; le lourd frelon se rit de leurs armes inégales ; les teignes s’y introduisent ; l’araignée, odieuse à Minerve, y suspend ses toiles flottantes. Plus les abeilles verront leur trésor épuisé, plus elles travailleront avec ardeur à réparer les pertes de l’état appauvri, à remplir de nouveau les magasins, et à construire leurs greniers avec le suc des fleurs.

Mais si la maladie vient tristement alanguir leur corps (car, ainsi que la nôtre, la vie des abeilles est sujette aux souffrances), tu pourras le reconnaître à des signes non équivoques : malades, leur couleur change ; une horrible maigreur les défigure ; puis, elles enlèvent de la ruche les corps de leurs compagnes mortes, et mènent le deuil des funérailles ; d’autres se suspendent, enchaînées par les pattes, au seuil de la porte, ou bien restent renfermées dans leurs cellules, où elles languissent abattues par la faim, engourdies par le froid. Alors on entend un bruit plus fort et un bourdonnement continuel. Ainsi murmure le vent dans les forêts ; ainsi frémit la mer agitée pendant le reflux ; ainsi bouillonne le feu ardent au fond de la fournaise qui l’enferme. C’est