Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/510

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de repousser du seuil de l’antre l’énorme rocher ; trois fois, fatigué, il revient s’asseoir dans le vallon.

« Sur le dos de l’affreuse caverne, un rocher de toutes parts escarpé, et qui servait d’asile aux oiseaux de proie, élevait son sommet aigu dans les airs. Incliné à gauche, ce roc penchait vers le fleuve ; Hercule appuie à droite de tout son poids, le pousse, l’ébranle, l’arrache à ses profondes racines, et soudain le précipite : à ce choc, le vaste éther résonne, les deux rives tressaillent, et le fleuve recule épouvanté. Alors parut à découvert l’antre et l’immense palais de Cacus, et le jour pénétra dans ses cavités ténébreuses. De même, si la terre, ébranlée par de fortes secousses, entr’ouvrait ses abîmes, et mettait à nu les demeures infernales, ces pâles royaumes abhorrés des dieux, nos regards plongeraient dans les profondeurs du gouffre immense, et les mânes trembleraient en voyant descendre sur eux la lumière.

« Tout à coup surpris par cette clarté inattendue, Cacus, enfermé dans le fond de son antre, poussait d’étranges rugissements. D’en haut, Alcide le presse de ses traits, se fait des armes de tout, et lui lance des branches d’arbre et d’énormes quartiers de rocher. Mais lui, qu’aucune fuite ne peut plus dérober au péril, vomit de son gosier, ô prodige ! une immense fumée, enveloppe