Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/527

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de toutes parts. Les vieux Pélasges qui, les premiers, vinrent habiter le Latium, consacrèrent, dit-on, avec une fête annuelle, ce bois à Sylvain, dieu protecteur des champs et des troupeaux. Non loin de là, Tarchon et les Tyrrhéniens avaient assis leur camp fortifié par sa position même, et, du sommet des collines, l’œil pouvait découvrir toute leur armée et ses tentes couvrant au loin la plaine. Là, le héros et sa troupe d’élite s’arrêtent, et les guerriers et les chevaux se reposent de leurs fatigues.

Cependant, à travers les nuages de l’éther, la belle Vénus apporte le présent qu’elle a promis. De loin, elle aperçoit Énée qui s’était retiré à l’écart sur les frais rivages du fleuve. Soudain elle s’offre à ses regards, et lui adresse ces mots : « Voici les dons que je t’ai promis, et qui sont dus à l’art de mon époux. Maintenant, ô mon fils ! n’hésite plus à provoquer au combat les Laurentins arrogants et le bouillant Turnus. » Elle dit, donne un baiser à son fils, et dépose, au pied d’un chêne, l’armure étincelante.

Énée, qu’un pareil présent honore et comble de joie, ne peut en rassasier ses yeux, et le parcourt tout entier de ses avides regards. Il admire, il tourne entre ses mains et entre ses bras ce casque qu’ombrage une aigrette terrible et qui vomit des flammes ;