Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/535

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Turnus l’a reconnue, et, les mains tendues vers les astres, il la suit des yeux, et lui dit : « Iris, ornement du ciel, quelle divinité t’envoie pour moi du haut de l’Olympe ? D’où viennent ces torrents de clarté ? Je vois le ciel s’ouvrir, et les étoiles errer dans le firmament. J’obéis à ce brillant présage, et je te suis, qui que tu sois, dieu qui m’appelles au combat. » À ces mots, il s’approche du fleuve, et, puisant à la surface une onde pure, il adresse de nombreuses prières aux dieux et remplit l’air de ses vœux.

Déjà dans la plaine l’armée entière se déploie au loin, riche de coursiers, riche de vêtements brodés d’or et aux couleurs éclatantes. Messape commande les premiers rangs ; les derniers marchent sous les ordres des fils de Tyrrhée. Au centre, Turnus s’avance, les armes à la main, et domine de toute la tête les autres guerriers. Tel, gonflé des ondes de sept fleuves paisibles, le Gange coule dans un calme silencieux ; tel le Nil, retirant ses eaux qui fécondent le sol, se renferme dans son lit.

Tout à coup les Troyens voient d’épais nuages de poussière s’élever dans les airs, et les ténèbres couvrir la plaine. Caïcus le premier, du sommet d’une tour qui fait face à l’ennemi : « Quel noir tourbillon s’avance vers nous ? aux armes, compagnons ! aux armes ! aux remparts ! attention ! voilà l’ennemi ! » Soudain les