Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/609

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ment des deux partis et les rudes épreuves auxquelles les mortels sont soumis. D’un côté Vénus, de l’autre Junon, contemplent ces combats, et la pâle Tisiphone exerce ses fureurs au milieu de la mêlée.

Mézence, une énorme javeline à la main, parcourt fièrement le champ de bataille. Tel, s’avançant au milieu des vastes gouffres de Nérée, le puissant Orion se fraie une route à travers les flots, dont ses épaules dominent la surface, ou, rapportant de la cime des monts un orme antique, de ses pieds foule la terre et cache son front dans les nues : tel apparaît Mézence sous sa formidable armure. Énée, qui l’aperçoit de loin dans la mêlée, se dispose à marcher contre lui. Incapable d’effroi, Mézence attend, immobile, son magnanime ennemi, et lui oppose son inébranlable masse. Mesurant ensuite de l’œil l’espace que va parcourir sa javeline : « Mon bras, dit-il, et le trait qu’il lance, voilà les dieux dont j’invoque et attends le secours. C’est à toi que je voue, ô Lausus, les dépouilles enlevées à ce brigand : tu t’en revêtiras ; tu seras le trophée de ma victoire sur Énée. » Il dit, et le trait a déjà sifflé dans les airs ; mais, repoussé par l’impénétrable bouclier, il va frapper, loin de là, le brave Antor dont il perce le flanc : Antor, compagnon d’Hercule et Argien d’origine, s’était attaché à Évandre, et fixé dans une ville d’Italie. Il tombe, le malheureux ! frappé