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Livre onzième




Cependant l’Aurore s’élevant a quitté le sein des mers. Malgré le soin qui le presse de donner la sépulture à ses compagnons, malgré le trouble où l’a jeté la mort de Pallas, Énée consacre les premiers instants du jour renaissant à s’acquitter envers les dieux. Sur le tertre voisin s’élève par son ordre un chêne antique que le fer a dépouillé de ses rameaux. C’est à toi, dieu puissant de la guerre, que le vainqueur érige ce brillant trophée des armes conquises sur Mézence. Déjà sont adaptés au tronc de l’arbre l’aigrette encore humectée de sang, les javelots rompus et la cuirasse percée en douze endroits ; à la gauche est suspendu le bouclier d’airain, et au cou, l’épée à la poignée d’ivoire.

Le prince s’adresse alors aux principaux guerriers dont la foule se presse autour de lui, et excite ses compagnons triomphants : « Amis, leur dit-il, la plus grande partie de notre tâche est accomplie ; soyez sans inquiétude sur ce qui nous reste à faire désormais. Les voilà ces prémices de nos victoires, ces dépouilles