Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/647

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glaive, vierge redoutable ? Combien de corps as-tu renversés mourants dans la poussière ? Le premier est Eunée, fils de Clytius. Au moment où il s’avance, la poitrine découverte, Camille le transperce de sa longue javeline : il tombe en vomissant des flots de sang, se roule sur sa blessure, et mord l’arène ensanglantée. Elle immole ensuite Liris et Pagasus : l’un, renversé par son cheval tué sous lui, s’efforçait de ressaisir les rênes ; l’autre vole à son secours, et, tandis qu’il lui tend une main désarmée, soudain frappés tous deux, ils tombent ensemble sous le même coup. Elle joint à ceux-ci Amaster, fils d’Hippotas ; elle poursuit, et de loin menace de sa lance Térée, Harpalycus, Démophoon et Chromis : autant de traits s’échappent de ses mains, autant de guerriers phrygiens succombent : l’un d’eux, Ornytus le chasseur, se faisait remarquer de loin par son coursier d’Apulie et par la singularité de son armure : la peau d’un taureau se déploie sur ses larges épaules ; son énorme tête est couverte de la gueule d’un loup qui, béante, montre ses blanches dents ; un épieu rustique arme sa main : il court au milieu des escadrons, qu’il dépasse de toute la tête. Camille s’ouvre un chemin jusqu’à lui à travers sa troupe en désordre ; elle l’atteint, le perce de sa lance, et, d’un cœur irrité, lui parle ainsi : « Pensais-tu donc, Tyr-