Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/681

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des traits : c’est Turnus seul qu’il cherche à travers ces sombres nuages de poussière ; c’est lui seul qu’il appelle aux combats. Alarmée du danger de son frère, Juturne fait tomber du timon et renverse entre les rênes Métisque, qui conduit le char de Turnus : Métisque reste étendu sur la poussière : elle-même le remplace, et, se donnant, par la voix, par les traits, par les armes, une exacte ressemblance avec lui, elle dirige de ses mains les rênes flottantes. Comme une hirondelle voltige autour de la vaste demeure d’un maître opulent, et, d’une aile rapide, tourne autour des hauts parvis, en recueillant dans l’air une chétive nourriture pour sa couvée babillarde : son cri résonne tantôt sous de longs portiques, tantôt autour des humides étangs : ainsi Juturne pousse ses coursiers au milieu des ennemis, fait voler de tous côtés son char rapide, et de tous côtés montre son frère triomphant ; et, pour l’empêcher d’en venir aux mains avec Énée, elle l’entraîne au loin.

Cependant, à travers ces circuits tortueux, Énée poursuit vivement Turnus, observe ses traces, et l’appelle à grands cris au milieu des bataillons en désordre ; mais chaque fois qu’il jette les yeux sur son rival, et qu’il s’efforce d’atteindre à la course ses chevaux aux pieds ailés, chaque fois Juturne détourne le char, et le pousse dans une direction opposée. Hélas ! Que faire ? Vai-