Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/685

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à l’envi leurs forces et la valeur de leurs bras. Point de trêve, point de délai : une affreuse mêlée s’engage de toutes parts.

Cependant Vénus inspire à son fils le projet de diriger ses attaques contre la ville même, et de jeter, par cet assaut imprévu, le trouble parmi les Latins. En promenant ses regards de tout côté, pour distinguer Turnus au milieu des bataillons épars, Énée aperçoit la ville exempte des troubles de la guerre et impunément tranquille. Enflammé à l’idée seule d’un exploit plus digne de lui, il appelle Mnesthée, Sergeste et le brave Séreste : une foule de Troyens se pressent autour d’Énée, sans quitter leurs boucliers ni leurs javelots. Le héros, du haut d’un tertre, leur parle en ces termes : « Que mes ordres n’éprouvent aucun retard : Jupiter est pour nous : quelque hardie que paraisse l’entreprise, qu’elle n’étonne l’audace d’aucun de vous. Cette ville superbe, cause de la guerre et siége de l’empire de Latinus, eh bien ! ce jour même, je la renverserai ; ce jour même, je couvrirai la terre de ses débris fumants, si ses habitants se refusent à subir le joug, et à reconnaître la loi du vainqueur. Attendrai-je donc plus longtemps qu’il plaise à Turnus de venir se mesurer avec moi, et affronter la honte d’une seconde défaite ? Ô citoyens ! c’est ici qu’a pris naissance cette guerre sacrilége. Armez-vous de torches, et courez, la flamme à la main, réclamer la foi des traités. »