Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/77

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point Alexis ; et quand, par des présents, tu voudrais disputer son cœur, Iolas ne te le céderait point. Hélas ! malheureux, qu’ai-je fait ! j’ai sur les fleurs déchaîné le vent du midi, et dans les claires fontaines lâché les sangliers.

Jeune insensé ! sais-tu bien qui tu fuis ? Pâris issu de Dardanus et les Dieux eux-mêmes ont habité les forêts : laisse Pallas se plaire aux cités, elle qui les a bâties ; pour nous, à tout autre séjour préférons les forêts. La lionne farouche cherche le loup, le loup cherche la chèvre, et la chèvre le cytise fleuri ; mais Corydon, c’est toi qu’il cherche, ô Alexis ! Chacun cède au penchant qui l’entraîne.

Vois ces jeunes taureaux qui rapportent la charrue suspendue à leur joug ; le soleil, en se retirant, double les ombres croissantes : moi, cependant, l’amour me brûle encore ; eh ! quel terme, en effet, aux tourments de l’amour ? Ah ! Corydon, Corydon, quel est ton délire ! ta vigne languit à demi taillée sur l’orme touffu. Ah ! plutôt, donne tes soins à quelques ouvrages utiles : tresse en corbeilles le jonc ou l’osier flexible. Si celui-ci te dédaigne, tu trouveras un autre Alexis.