Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 1, 1838.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXVII.

Il ralentit alors un instant sa course, laissa souffler un peu son coursier haletant, arrangea sa sangle et la courroie de son corselet, et fit jouer son sabre dans le fourreau. Les rayons de la lune frappaient sur le sommet du Mintocrags19, au lien où Barnhil tailla son lit dans la pierre, reposant sa tête proscrite sur le roc où le faucon établit son nid suspendu dans les airs, au milieu des pics escarpés d’où son œil d’aigle pouvait épier les mouvements de sa proie à plusieurs lieues au loin. Ces rochers, dont l’écho double, en la transmettant, la terreur qu’inspirent les sons rauques du cor du brigand, retentiront, bien des années après, des doux accents du chalumeau dorien, lorsqu’un berger, dans ses chants mélancoliques, redira aux timides habitants du bocage que l’ambition ne guérit pas l’amour !

XXVIII.

Sans rencontrer d’agresseur, Deloraine passa de là sur le beau domaine du vieux Riddel20, où l’Aill, s’étant débarrassé des montagnes, roule avec fracas en descendant des lacs ses vagues surmontées d’une écume jaunâtre, comme la fauve crinière d’un coursier indomptable. Mais l’intrépide maraudeur n’en est point effrayé ; nul torrent, quelque large, quelque profond qu’il soit, ne saurait arrêter sa marche.

XXIX.

Au premier clan, le cheval s’y enfonça profondément, et la vague, partagée en deux, vint se rejoindre au dessus du pommeau de la selle ; à peine, je pense, la moitié du cou du belliqueux coursier s’élevait au dessus des flots écumeux ; car il était bardé de fer depuis le poitrail jusqu’à la queue, et le cavalier était complètement armé et recouvert d’une cotte de mailles. Ja-