Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/219

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calme, mêlée d’inquiétude, qui devait présider à des délibérations si importantes dans un moment si critique, semblait avoir fait place à la discorde et à une violente agitation qui firent mal augurer à Morton des mesures qu’on allait prendre. Arrivés à la porte, ils la trouvèrent ouverte, mais encombrée d’une foule de gens qui, sans être appelés à prendre part au conseil, ne se faisaient aucun scrupule de venir écouter des délibérations qui les intéressaient si vivement. À force de prières, de menaces, en usant même de violence, Burley, à qui son caractère ferme assurait une sorte de supériorité sur ces troupes sans discipline, écarta les curieux, introduisit Morton dans la chaumière, et ferma la porte derrière lui. Dans des circonstances moins graves, le jeune homme se serait amusé et des discours qu’il entendit, et du spectacle dont il fut témoin.

L’intérieur de cette cabane obscure et à demi détruite était éclairé en partie par quelques bruyères qui brûlaient sur le sol, et dont la fumée, manquant d’issue, se répandait dans la chambre et formait sur la tête des chefs assemblés un dais ténébreux, aussi obscur que leur théologie métaphysique. On voyait à peine, comme des étoiles à travers un brouillard, quelques chandelles, ou plutôt des joncs recouverts de suif, appartenant au pauvre propriétaire de la chaumière, et appliqués aux murailles avec de la terre glaise. Cette lueur incertaine laissait apercevoir des visages animés d’un orgueil religieux, ou enflammés par un sauvage fanatisme. À l’air inquiet et irrésolu de quelques chefs, on comprenait qu’ils se voyaient étourdiment engagés dans une entreprise qu’ils n’avaient ni le courage ni les moyens de faire réussir, et que la honte seule les empêchait de reculer. C’était en effet un corps qui manquait d’ensemble et de solidité. Les plus ardents étaient ceux qui ayant pris part, comme Burley, au meurtre du primat, s’étaient rendus à Loudon-Hill avec d’autres hommes d’un zèle non moins effréné et non moins implacable, et qui ne pouvaient espérer aucun pardon du gouvernement. Parmi ceux-là on remarquait plusieurs prédicateurs qui, repoussant la tolérance que leur offrait le gouvernement, avaient mieux aimé assembler leur troupeau dans le désert que d’adorer Dieu dans des temples bâtis de main d’homme, de peur de paraître accorder à l’autorité temporelle le droit de contrôler en rien la suprématie ecclésiastique. Le reste des membres du conseil se composait de gentilshommes d’une fortune médiocre, et de riches fermiers, qu’une