Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/257

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rétablir l’ordre parmi leurs troupes. Cependant les renforts arrivaient toujours, et ces nouveaux soldats étaient plus animés par le péril de leur situation, plus encouragés par la victoire de Loudon-Hill, qu’abattus par le dernier revers. Presque tous se joignaient au détachement de Morton, qui néanmoins avait la mortification de voir son impopularité augmenter rapidement parmi les plus intolérants des covenantaires. Cette prudence au-dessus de son âge, dont il avait fait preuve en guidant et en disposant ses troupes, était traitée de confiance aveugle dans un bras de chair, et sa tolérance déclarée pour toutes les cérémonies ou croyances religieuses qui différaient des siennes lui avait valu l’injuste sobriquet de Gallio[1], parce qu’il ne s’occupait nullement de ces saintes choses. D’autre part, la foule des insurgés préférait ouvertement la mollesse des chefs les plus zélés, auprès desquels l’enthousiasme pour la cause du Covenant tenait lieu d’ordre et de soumission militaire, aux rigueurs qu’employait Morton pour discipliner ses troupes. En un mot, tandis qu’il portait à lui seul tout le poids du commandement (car ses collègues lui en abandonnaient volontiers tous les embarras et toutes les difficultés), Morton se trouva n’avoir plus l’autorité nécessaire pour mettre les réformes à exécution[2].

Cependant, malgré ces obstacles, il fit durant plusieurs jours de tels efforts qu’il parvint à rétablir quelque discipline dans l’armée. Il crut alors pouvoir tenter une seconde attaque contre Glasgow.

On ne peut douter que le vif désir qu’avait Morton de se mesurer en personne avec Graham de Claverhouse, dont il avait reçu une si cruelle injure, n’ait pas peu contribué à augmenter l’activité extraordinaire qu’il venait de déployer. Mais Claverhouse trompa ses espérances ; car, satisfait d’avoir repoussé avec

  1. Païen. a. m.
  2. Les querelles qui divisèrent la petite armée des insurgés avaient pour cause ce seul point de contestation : « Doit-on ou ne doit-on pas reconnaître les droits du roi et l’autorité royale ? Les presbytériens qui ont pris les armes doivent-ils se contenter du libre exercice de leur religion, ou exiger l’entier établissement du presbytérianisme, avec plein pouvoir de dominer sur toutes les autres formes de culte ? » Le petit nombre des gentilshommes de campagne qui prirent part à l’insurrection, ainsi que la plus grande partie du clergé, croyaient qu’on ne devait demander que ce qu’il était possible d’obtenir ; mais ceux qui agissaient dans ces vues de modération étaient appelés érastiens, nom que ces fanatiques donnaient à ceux qui voulaient mettre l’Église sous l’influence du gouvernement civil. Aussi disait-on d’eux qu’ils étaient des pièges sur le Mizpha et des filets tendus sur le Thabor. (Voyez la Vie de sir Robert Hamilton, dans les Hommes illustres d’Écosse, et son récit de la bataille de Bothwell-Bridge, passim.)