Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peaux. Je dois avouer que depuis peu j’ai trouvé cette source de renseignements bien limitée. En conséquence, pour suppléer aux détails qu’elle n’a pu me fournir, j’ai cru devoir appeler à mon aide ces humbles voyageurs que la scrupuleuse civilité de nos ancêtres désignait sous le nom de marchands ambulants, mais que depuis, nous conformant en ceci comme en matières plus importantes, aux sentiments et aux opinions de nos riches voisins, nous avons appris à qualifier de la dénomination de colporteurs ou porte-balles. J’ai eu recours aussi aux tisserands de campagne qui voyagent dans l’espoir de se défaire de la toile qu’ils ont fabriquée l’hiver ; je me suis adressé plus particulièrement aux tailleurs, qui, d’après la nature sédentaire de leur profession, et la nécessité où ils sont de l’exercer en résidant temporairement dans les familles qui les emploient, peuvent être considérés comme possédant un registre complet de traditions rurales. Je suis redevable à ces deux classes d’hommes de quelques éclaircissements sur les récits du Vieillard, éclaircissements qui sont tout à fait conformes au goût et à l’esprit de l’original.

J’ai éprouvé plus de difficultés à me procurer des matériaux qui corrigeassent le ton de partialité qui perce à travers cette richesse d’informations traditionnelles, afin de présenter une peinture vraie des mœurs de cette malheureuse époque, et de rendre en même temps aux deux partis la justice qui leur est due. Néanmoins j’ai pu modifier les récits du Vieillard et de ses amis les caméroniens, d’après les renseignements de quelques descendants de ces familles anciennes et honorables qui, déchues de leur splendeur dans cette humble vallée de la vie, jettent encore un regard de regret et d’orgueil vers ces époques reculées où leurs ancêtres combattirent et moururent pour la cause de la famille exilée des Stuarts. Je puis même de ce côté m’appuyer d’autorités respectables ; car plus d’un évêque non conformiste, dont l’influence et les revenus étaient aussi modiques que le plus grand blasphémateur de l’épiscopat pourrait le désirer, a daigné, tout en prenant part à l’humble repas de l’auberge de Wallace, me fournir des notions propres à modifier ce que j’avais puisé dans d’autres sources. J’ai rencontré aussi çà et là un seigneur ou deux qui, tout en haussant l’épaule, avouaient, sans grande honte, que leurs ancêtres avaient servi dans les rangs des escadrons cruels d’Earshall et de Claverhouse. Enfin, j’ai recueilli de précieux renseignements de la part des garde-chasses de ces seigneurs, dont l’em-