Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/273

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que le major ne pourra ramener les mutins à la raison, et je tremble en pensant au sort de ces dames et de ce brave vieillard s’ils étaient livrés entre les mains de Burley, de cet homme sanguinaire. — Vous êtes donc libre, dit Morton : préparez-vous à monter à cheval. Quelques hommes dont je suis sûr vous accompagneront jusqu’à une distance telle que vous n’ayez plus rien à craindre des gens de notre parti. »

Lord Evandale, si inopinément délivré, ne pouvait revenir de son étonnement et de sa joie. Morton le quitta pour ordonner à quelques hommes de s’armer et de monter à cheval. Chacun d’eux devait tenir en laisse un cheval de réserve. Jenny qui, tout en prenant quelque nourriture, avait trouvé moyen de faire la paix avec Cuddie, se plaça en croupe derrière ce vaillant cavalier. Les pas de leurs chevaux retentirent bientôt sous les fenêtres de lord Evandale. Deux hommes qu’il ne connaissait pas entrèrent dans sa chambre, le débarrassèrent de ses fers, l’aidèrent à descendre les escaliers, le firent monter à cheval, et le placèrent au centre de la petite troupe, qui prit au grand trot le chemin de Tillietudlem.

La clarté de la lune pâlissante faisait place à celle de l’aurore quand ils arrivèrent devant cette ancienne forteresse, dont la tour noire et massive était déjà colorée par les premiers rayons du jour. La troupe s’arrêta à la première barrière, afin de ne pas s’exposer au feu de la place, et lord Evandale s’avança seul, suivi d’un peu loin par Jenny. En approchant de la porte, ils entendirent dans la cour un tumulte qui s’accordait mal avec la paisible sérénité d’une matinée de printemps. On criait, on jurait ; un ou deux coups de pistolet partirent, et tout annonçait que les soldats étaient en pleine révolte. Dans ce moment critique, lord Evandale arriva au guichet où Tom Holliday montait la garde.

Tom conservait le souvenir des soins qu’il avait reçus dans ce château à l’époque où il y fut retenu pendant un mois par une blessure, et nous avons vu tout à l’heure que ses conseils avaient déterminé Jenny à aller trouver lord Evandale, et qu’il avait favorisé sa sortie du château. Reconnaissant la voix de son capitaine, il lui ouvrit avec autant de joie que d’empressement ; et le jeune lord parut au milieu des soldats mutinés comme un homme qui tombe des nues. Ils exécutaient en ce moment leur dessein de se saisir de la place, et s’efforçaient de désarmer le major Bel-