Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/410

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l’avenue. Gudyill courut prendre ses armes ; Cuddie saisit un fusil que par précaution il tenait toujours chargé, et quoique à pied il suivit lord Evandale. Ce fut en vain que sa femme, qui avait aussi pris l’alarme, s’attacha à ses habits, lui prédisant qu’il mourrait par l’épée ou par la corde pour se mêler sans cesse des affaires des autres.

« Taisez-vous, chienne, répondit-il en la repoussant brusquement ; taisez-vous ! C’est là du bon écossais, ou je ne m’y connais pas. Que voulez-vous dire avec les affaires des autres ? Puis-je tranquillement voir massacrer lord Evandale sous mes yeux ? » et il se dirigea vers l’avenue. Mais considérant en chemin qu’il composait à lui seul toute l’infanterie, attendu que Gudyill n’était pas encore arrivé, il prit position derrière une haie. Là il fit toutes ses dispositions pour se rendre aussi utile que les circonstances le lui permettraient.

Aussitôt que lord Evandale parut, Olifant fit développer sa troupe comme pour l’entourer ; lui-même resta sur le chemin avec trois hommes : deux étaient des dragons, et le troisième un paysan, à en juger par son costume. Mais à son visage dur et farouche, à son air déterminé, ce dernier paraissait le plus redoutable de toute la troupe ; et quiconque l’avait jamais vu, ne pouvait manquer de reconnaître Balfour de Burley.

« Suivez-moi, dit Evandale à ses domestiques, et si on s’oppose à notre passage, imitez-moi. »

Il s’avança au galop vers Olifant, et lui demanda pourquoi il occupait ainsi la route ; mais celui-ci au lieu de lui répondre, s’écria « Feu sur le traître ! » et tous quatre ils firent feu de leurs carabines. Evandale chancela sur sa selle, porta la main en avant, saisit un pistolet ; mais, incapable de le tirer, il tomba de cheval mortellement blessé. Ses domestiques avaient mis en joue : Hunter tira au hasard ; mais Holliday, qui était un intrépide soldat, ajusta Inglis et le fit tomber roide mort. Au même instant un coup de fusil, parti de derrière une haie, vengea mieux encore lord Evandale, car la balle alla frapper Basile Olifant au milieu du front, et le renversa aussi roide mort. Sa troupe, effrayée de ce coup imprévu, semblait disposée à refuser le combat ; mais Burley dont le sang bouillait de fureur, s’écria : « Mort aux Madianites ! » et attaqua Holliday l’épée à la main. Mais au même moment, on vit une troupe de cavaliers qui arrivaient au galop par la route de Glasgow : c’étaient des dragons hollandais ayant à leur