Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/80

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prendra votre prospérité temporelle et spirituelle. Mais il m’est impossible de préférer les ordres d’une maîtresse terrestre à ceux d’un maître céleste, et je suis prête à tout souffrir pour l’amour du bon droit. — C’est très-bien ! » dit lady Marguerite lui tournant le dos de mauvaise humeur ; « vous êtes instruite de mes volontés à ce sujet, Mause. Je n’aurai jamais de whigs dans la baronnie de Tillietudlem ; je les verrais bientôt tenir un conventicule jusque dans mon anti-chambre. »

À ces mots elle sortit avec un air de dignité, et Mause s’abandonna aux diverses sensations qu’elle avait été forcée de réprimer pendant cette entrevue ; car elle, ainsi que sa maîtresse, avait ses propres sentiments d’orgueil ; et alors, élevant la voix, elle se mit à pleurer.

Cuddie, qui était retenu au lit par une maladie feinte où réelle, pendant toute cette conversation s’était enfoncé le plus avant qu’il avait pu dans ses couvertures, tremblant au dernier point que lady Marguerite, à laquelle il portait un respect héréditaire, ne le découvrît et ne le chargeât personnellement de quelques-uns des reproches amers qu’elle avait prodigués à sa mère. Mais, aussitôt qu’il pensa que Sa Seigneurie ne pouvait plus l’entendre, il s’élança hors de sa couche.

« Maudite soit votre langue ! pour m’exprimer ainsi, » cria-t-il à sa mère, « car la langue d’une femme tourne toujours mal, comme le disait mon père. Ne pouviez-vous pas laisser tranquille milady sans lui conter toutes vos folies de whigs ? et j’ai été bien sot de me laisser persuader de me coucher ici au milieu des couvertures, comme un hérisson, au lieu d’aller au Wappen-Schaw, ainsi que les autres. Mais je vous ai joué un tour, car je suis sorti par la fenêtre quand vous aviez votre vieux dos tourné, je suis allé voir la revue, j’ai tiré au Perroquet, et j’ai touché deux fois le but. J’ai trompé milady, mais je ne voulais pas tromper ma Jenny. Elle pourra maintenant se marier à qui bon lui semblera, car je suis perdu. C’est une chose bien pire que celle que nous avons eue avec M. Gudyill lorsque vous m’avez empêché d’accepter du plumpudding la veille de Noël, comme si cela faisait quelque chose à Dieu et aux hommes qu’un laboureur mangeât à son souper un pâté au hachis ou des légumes. — Oh ! silence, mon enfant, silence ! reprit Mause, tu ne connais rien à cela : c’était un mets défendu, des choses consacrées à des jours de fête et dont l’usage est interdit à un protestant chrétien. — Et maintenant, continua son fils, vous