Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/206

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vitait à rester pour recevoir son parent ; car son entretien avec Lucy auprès de la fontaine avait chassé loin de lui tout désir de départ. On donna donc ordre à Lucy et à Lockhard, chacun dans ses attributions respectives, de faire les préparatifs nécessaires pour recevoir le marquis avec une pompe et un luxe peu connus alors en Écosse.







CHAPITRE XXI.

prétentions matrimoniales de bucklaw.


 Marall. Monsieur, l’homme honorable est arrivé : il vient de descendre.
 Overreach. Faites-le entrer sans réplique, et agissez d’après mes ordres. La grande musique que j’ai fait venir est-elle prête pour le recevoir ?

Nouvelle manière de parler de vieilles dettes.


Quoique sir William Ashton fût un homme de bon sens, fort instruit, et qu’il eût une grande connaissance pratique du monde, il y avait encore quelques traits de son caractère qui décelaient sa timidité ordinaire et la souplesse à laquelle il devait son élévation : il était doué d’un esprit médiocre, quoique assez cultivé, et avait une grande disposition à l’avarice, quoiqu’il eût soin de la cacher. Il aimait à faire parade de ses richesses, non comme un homme pour qui l’habitude en fait une nécessité, mais comme un parvenu à qui elles plaisent par leur nouveauté.

Les moindres détails ne lui échappaient pas, et Lucy remarqua quelquefois un sourire de mépris sur la figure de Ravenswood lorsque son père discutait avec Lockhard et même avec la vieille femme de charge sur des minuties auxquelles, dans les grandes maisons, il est d’usage de ne pas faire la moindre attention, parce qu’on suppose qu’il est impossible qu’elles soient oubliées par des domestiques.

« Je pardonne à sir William, » disait Ravenswood un soir, au moment où il sortait de l’appartement, » d’éprouver quelque inquiétude dans cette circonstance ; car la visite du noble marquis est un honneur pour lui, et doit être reçue comme telle ; mais lorsque je l’entends discuter minutieusement sur ce qui a rapport à l’office, au garde-manger, et même au poulailler, je perds toute patience, et je préfère la pauvreté de Wolf’s-Crag, à toute la richesse du château de Ravenswood. — Et cependant, dit Lucy, c’est par son attention à ces minuties que mon père a acquis la