Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

S’avançant donc vers les enfants qui occupaient le sommet de la colline, Caleb leur déclara, d’un ton d’autorité, que Leurs Honneurs lord Ravenswood et le marquis d’Athol avaient donné des ordres pour que la tour ne sautât en l’air que le lendemain à midi. Sur cette assurance consolante, ils se dispersèrent. Un ou deux néanmoins suivirent Caleb pour recueillir des informations plus positives, particulièrement celui qui avait si adroitement envoyé lui chercher du tabac pendant qu’il remplissait les fonctions de tourne-broche, et se mit à crier : Monsieur Balderstone, monsieur Balderstone ! le château s’est donc éteint comme la pipe d’une vieille femme ? — Oui, sans doute, mon garçon, dit le sommelier : pensez-vous que le château d’un aussi grand seigneur que lord Ravenswood continuerait à brûler, tandis qu’il serait là à le regarder ?… Il est bon, » continua Caleb en repoussant cet enfant déguenillé et se rapprochant de son maître, « d’instruire les enfants, comme dit le sage, suivant qu’ils doivent l’être, et surtout de leur enseigner le respect qu’ils doivent à leurs supérieurs. — Mais en attendant, Caleb, observa Ravenswood, vous ne m’avez pas dit ce que sont devenues les armes et la poudre. — Oh ! quant aux armes, répondit Caleb, selon l’expression du poète :

« Les unes, quand l’aube s’éveille,
Prirent la route d’Orient ;
Les autres, celle du couchant ;
Et d’autres furent en partant.
Chercher le nid de la corneille. »

Pour ce qui est de la poudre, je l’ai échangée, lorsque j’en ai trouvé l’occasion, avec les équipages contrebandiers hollandais ou français, pour du genièvre et de l’eau-de-vie, ce qui a approvisionné la maison pendant plusieurs années : et c’était faire un échange avantageux que de recevoir ce qui réjouit l’âme de l’homme en place de ce qui la chasse du corps. Cependant j’en ai gardé quelques livres pour vous, lorsque vous voulez prendre le plaisir de la chasse ; car dans ces derniers temps, je n’aurais guère su aller chercher de la poudre pour votre amusement. Mais à présent que votre colère est passée, monsieur, dites-moi si je n’ai pas bien arrangé tout cela, et si vous n’êtes pas mieux là-bas dans le village que vous n’auriez été dans votre vieux château ruiné, ce qui est un grand malheur vu les circonstances où nous nous trouvons ? — Je crois que vous pouvez avoir raison, Caleb, dit Ravenswood ; mais avant de brûler mon château, soit fictivement, soit en réalité, il me semble que j’avais le droit d’être mis dans le