Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/313

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tout ce qui se passait. Elle parut cependant comprendre en partie ce qu’il lui demandait ; car elle leva les mains, comme pour dénouer un ruban bleu qu’elle portait autour de son cou, et auquel était suspendue la moitié de la pièce d’or dont Ravenswood avait gardé l’autre partie, en signe d’engagement réciproque. Elle ne put y réussir ; mais lady Asthon, coupant le ruban, l’en détacha, puis, avec un salut de hauteur, elle la remit à Ravenswood, en même temps que la promesse de mariage qu’il avait signée, et dont elle s’était emparée depuis long-temps. — Est-il possible ! s’écria Edgar vivement ému, « Elle portait ce gage de ma foi dans son sein, contre son cœur, même à l’instant où… Mais toute plainte est désormais inutile, » reprit-il en essuyant brusquement une larme qui humectait sa paupière ; et en reprenant sa sombre fierté. S’approchant alors de la cheminée, il jeta dans le feu l’engagement et la pièce d’or, et frappa les charbons ardents avec le talon de sa botte, comme pour assurer leur destruction. « Je ne vous importunerai pas plus long-temps de ma présence, dit-il ensuite à lady Ashton, et je ne me vengerai de tous les maux que vous m’avez faits, qu’en souhaitant que ce soient les dernières manœuvres que vous employiez contre l’honneur et la félicité de votre fille. Quant à vous, miss Ashton, je n’ai plus rien à vous dire, sinon que je prie Dieu que vous ne deveniez pas un exemple de la punition que sa justice inflige au parjure fait volontairement et de propos délibéré. »

À ces mots, il sortit brusquement du salon.

Sir William avait employé tour à tour les prières et l’autorité pour retenir son fils et Bucklaw dans une partie reculée du château, afin d’empêcher qu’ils ne se rencontrassent de nouveau avec Ravenswood ; mais, lorsque celui-ci descendait le grand escalier, Lockard lui remit un billet signé Sholto-Douglas Ashton, qui lui demandait où l’on pourrait trouver le Maître de Ravenswood, dans quatre ou cinq jours, attendu qu’il avait une affaire essentielle à régler avec lui aussitôt après l’événement important dont s’occupait alors la famille.

« Dites au colonel Ashton, » répondit Ravenswood avec beaucoup de calme, « qu’il me trouvera à Wolf’s-Crag lorsqu’il jugera à propos de s’y rendre. »

Sur l’escalier extérieur de la terrasse, il fut arrêté de nouveau par Craigengelt, qui, de la part de son patron, le laird de Bucklaw, exprima l’espoir que M. Ravenswood ne quitterait pas l’Écosse