Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/337

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tout son clan réuni à cet effet posèrent successivement leurs mains sur la tête de la victime égorgée, et jurèrent, comme de vrais sauvages, de défendre l’auteur du crime. Cette féroce combinaison de vengeance procura à sir Alexandre Boswell, baronnet, le sujet d’un poëme intitulé ; le vœu du clan Alpin (clan Alpin’s vow), qui fut imprimé, mais non, je crois, publié, en 1811.

Le fait est confirmé par une proclamation du conseil privé, datée du 4 février 1589, et autorisant l’emploi du fer et du glaive, contre les Mac-Gregor. Cette terrible injonction fut exécutée avec une furie peu commune. John Buchanan de Cambusmore a montré à l’auteur une correspondance entre son aïeul et le laird de Buchanan et lord Drummond, sur la dévastation de certaines vallées avec leurs adhérents, et sur une douce vengeance, y est il dit, pour la mort de leur cousin Drummont-Ernoch. Cependant, malgré tout ce que l’on peut faire, la tribu des Mac-Gregor, vouée au carnage, nourrit encore des survivants pour soutenir et exercer de nouvelles cruautés ainsi que de nouveaux outrages.

Le jeune James Stewart d’Ardvoirlich grandissait à vue d’œil, au point d’acquérir une taille, une force et une activité extraordinaires ; on prétend que la pression de sa main faisait jaillir le sang des narines à ceux qui luttaient avec lui en faisant assaut de force. Son caractère était bizarre, entier et irascible ; cependant il doit avoir eu quelques bonnes qualités ostensibles, puisqu’il était fort aimé de lord Kilpont, le fils aîné du comte d’Airth et de Menteith.

Ce vaillant jeune homme joignit Montrose au moment où celui-ci déployait son étendard, en 1644, un peu avant la bataille décisive de Tippermuir, qui eut lieu le 1er septembre de la même année. À cette époque, Stewart d’Ardvoirlich partageait la confiance du jeune lord pendant le jour, et son lit dans la nuit, lorsqu’environ cinq jours après la bataille Ardvoirlich, par un accès ou de soudaine furie ou de profonde méchanceté, long-temps entretenue contre son crédule ami, plongea le poignard au cœur de lord Kilpont, et s’échappa du camp de Montrose, en tuant une sentinelle qui avait essayé de l’arrêter. L’évêque Guthrie donne pour raison de cette action abominable, que lord Kilpont avait rejeté avec horreur une proposition d’Ardvoirlich pour assassiner Montrose. Mais il ne semble pas exister de fondement propre à soutenir une telle accusation, qui reste dans le doute. Le meurtrier Ardvoirlich se sauva certainement près des covenantaires, qui l’employèrent en lui accordant de l’avancement. Il obtint à