Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/367

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et l’on ne peut rien dire contre les vivres ; mais, d’un autre côté, milord, c’est un peuple scrupuleux et précis, et qui ne passe aucune peccadille. Si un paysan se plaint d’une tête brisée, un cabaretier de canettes cassées, ou si une maudite coquine pousse des cris plus hauts qu’à l’ordinaire, et assez forts pour être entendus, un soldat d’honneur se voit traîné, non devant la cour martiale de son régiment, seule compétente pour de telles affaires, mais devant un vil artisan, un bourguemestre, qui le menace de la maison de correction, de la corde, et de je ne sais quoi, comme s’il était un de ces misérables et lourds paysans amphibies. Aussi, ne pouvant plus demeurer plus long-temps parmi ces ingrats plébéiens qui, bien que incapables de se défendre par leurs propres forces, n’accordent aux nobles cavaliers étrangers qui s’engagent avec eux rien au-delà de la simple paie, que jamais un homme d’honneur ne mettra en comparaison avec une licence libérale, un privilège honorable, je résolus de quitter le service des mynheers. Et ayant appris à cette époque, à ma grande satisfaction, qu’il y aurait pour moi quelque chose à faire cet été dans mon cher pays natal, je suis venu ici, comme on dit, tel qu’un mendiant à une noce, pour faire profiter mes chers compatriotes de l’expérience que j’ai acquise dans les pays étrangers. Ainsi Votre Seigneurie a une esquisse abrégée de mon histoire, excepté les passages de combats, de sièges, d’assauts, de carnage, qui seraient fatigants à raconter, et qui sans doute siéraient mieux à une autre bouche qu’à la mienne. »






CHAPITRE III.

le mercenaire.


Que les hommes d’état tourmentent leur cervelle pour trouver des prétextes d’appuyer leurs droits ! Les batailles, voilà mon état ; le pain voilà ma récompense ; et je puis dire, comme le Suisse qui vend son épée, la meilleure des causes est la meilleure paie.
Donne.


La route en cet endroit devint si étroite et tellement difficile, que les voyageurs furent obligés d’interrompre leur converssation ; lord Menteith, retenant son cheval en arrière, eut pendant un moment un entretien particulier avec ses domestiques. Le capitaine, qui formait alors l’avant-garde de la petite troupe, après environ un quart de mille d’une marche lente et pénible