Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/432

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parler du personnage important auquel il appartenait. Malgré cette assurance satisfaisante, Dalgetty hésitait encore, tant il était inquiet sur le sort de son compagnon Gustave ; mais deux Highlanders le saisirent par les bras, deux le poussèrent par derrière, tandis qu’un cinquième s’écriait : « Allons, vite, emportez ce fou de Sassenach ; n’entend-il pas que le laird l’invite à entrer dans son château ? N’est-ce pas un grand honneur pour un homme tel que lui ? »

Ainsi violenté, le major Dalgetty put seulement jeter un regard derrière lui sur la galère où il avait laissé le compagnon de ses travaux militaires. Quelques minutes après, il se trouva plongé dans une obscurité complète sur un escalier qui, partant de la caverne dont nous avons parlé, montait en serpentant dans l’intérieur du roc.

« Ah ! maudits soient ces sauvages de Highlanders ! » murmura-t-il à demi voix. « Que deviendrai-je si Gustave, qui porte le nom du lion invincible de la ligue protestante, est estropié par leurs mains grossières ? — N’ayez point cette crainte, » dit sir Duncan qui était plus près de lui qu’il n’imaginait ; « mes hommes sont habitués à soigner des chevaux, soit pour les embarquer, soit pour les panser ; et vous verrez bientôt Gustave en aussi bon état que lorsque vous en êtes descendu la dernière fois. »

Le major avait trop l’usage du monde pour pousser plus loin ses observations, quelque inquiétude qu’il pût ressentir intérieurement. Ayant monté une marche ou deux de plus, il commença à revoir la lumière du jour, et bientôt, passant sous un guichet garni d’une herse en fer, il se trouva sur une galerie taillée dans le roc et qui avait une étendue d’environ six ou huit verges ; il passa sous une autre porte après laquelle le chemin rentrait dans le roc, et qui était aussi défendue par une herse en fer.

« Admirable traverse ! observa-t-il : et si elle était défendue par une pièce de campagne, ou même par quelques mousquets, elle suffirait pour mettre la place à l’abri d’un coup de main. »

Sir Duncan ne fit aucune réponse dans ce moment, mais lorsqu’ils furent entrés dans la seconde caverne, il frappa avec le bâton qu’il tenait à sa main des deux côtés du guichet, et le son prolongé qui suivit fit reconnaître au major qu’il y avait un canon placé de chaque côté pour balayer la galerie qu’ils venaient de traverser, quoique les embrasures par lesquelles on pouvait les tirer fussent masquées à l’extérieur par des mottes de terre et