Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/441

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sant sa coupe avec toute la diligence possible, « je bois à la vôtre, ainsi qu’à l’accomplissement de tous vos désirs. » Puis s’adressant au ministre (sans oublier de joindre l’action aux paroles), » Je remplis cette coupe, et je la vide à l’oubli de toute haine entre vous et le capitaine,… c’est-à-dire le major Dalgetty ; et comme le flacon ne contient plus qu’une coupe, je bois à la santé de tous les honorables cavaliers et de tous les braves soldats indistinctement. Maintenant que la bouteille est vide, sir Duncan, je suis prêt à suivre votre factionnaire ou sentinelle à l’endroit où je dois passer la nuit. »

Il reçut la permission formelle de se retirer, et l’assurance que, comme le vin paraissait de son goût, on lui en apporterait une autre bouteille, pour adoucir les heures de sa solitude.

Le major ne fut pas plus tôt entré dans son appartement que cette promesse fut accomplie, et peu après arriva un pâté de venaison ; les consolations qu’il y puisa lui firent supporter facilement l’isolement et le manque de société. Le même domestique, espèce de cbambellan, qui lui apporta cette bonne chère, lui remit aussi un paquet scellé et attaché avec un fil de soie, suivant la coutume de l’époque ; il était adressé, avec toutes les formules respectueuses, à haut et puissant prince Archibald, marquis d’Argyle, lord de Lorne, etc., etc. Le valet informa en même temps notre ritt-master, qu’il devait monter à cheval le lendemain matin de bonne heure pour se rendre à Inverary, où le paquet de sir Duncan lui servirait à la fois de lettres d’introduction et de passeport. N’oubliant pas que son but était de recueillir des renseignements aussi bien que de jouer le rôle de messager, et désirant pour lui-même connaître les raisons qui engageaient sir Duncan à le faire partir en avant sans l’escorter, le ritt-master demanda au domestique, avec toute la précaution que sa prudence put lui suggérer, quels étaient les motifs qui retenaient son maître dans le château le jour suivant. Celui-ci, qui était des Lowlands, répondit que c’était l’usage de sir Duncan et de son épouse d’observer comme un jour de jeûne solennel et d’humiliation l’anniversaire du jour où leur château avait été escaladé par surprise, et leurs enfants, au nombre de quatre, massacrés impitoyablement par une bande de brigands highlanders pendant l’absence de sir Duncan qui accompagnait le marquis d’Argyle dans l’expédition qu’il avait entreprise contre les Mac Lean de l’île de Mull.

En effet, dit le major, votre maître et son épouse ont de grandes