Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/449

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donner dans les Highlands le sobriquet de Gillespie Grumach, ou l’austère, était moins sensible lorsqu’il tenait ses yeux baissés ; c’était peut-être aussi la raison qui lui avait fait prendre cette habitude. Il était grand et maigre ; mais il avait dans le maintien la dignité qui convenait à son rang. Il y avait quelque chose de froid dans son extérieur, et de sinistre dans son regard, quoique sa parole et son geste conservassent toujours la grâce ordinaire chez un homme de haut rang. Il était adoré de son clan, à l’élévation duquel il avait puissamment contribué ; mais, en revanche, il était haï par les autres tribus des Highlands, dont il avait déjà chassé, les unes de leurs possessions, tandis que les autres se voyaient en danger d’éprouver par la suite le même sort, et ne voyaient qu’avec crainte le pouvoir auquel il s’était élevé.

Nous avons déjà dit qu’en déployant cette magnificence et en se montrant entouré de ses conseillers, des officiers de sa maison, de sa suite de vassaux, d’alliés et de feudataires, le marquis d’Argyle désirait probablement faire impression sur le système nerveux de l’envoyé de son rival ; mais l’intrépide Dalgetty avait fait son chemin les armes à la main, tantôt dans un parti, tantôt dans l’autre, pendant la plus grande partie de la guerre de trente ans en Allemagne, période durant laquelle un brave et heureux soldat était le compagnon des princes. Le roi de Suède, et, à son exemple, les princes de l’Empire eux-mêmes, s’étaient trouvés fréquemment obligés de transiger avec leur dignité, et lorsqu’ils ne pouvaient payer les soldats, d’étouffer leurs plaintes en leur accordant des privilèges extraordinaires et en les admettant dans leur familiarité. Le capitaine Dalgetty, qui pouvait se vanter de s’être trouvé avec des princes à des festins préparés par des monarques, n’était pas homme à se laisser intimider par la magnificence qui entourait Mac Callum More. Il est vrai que naturellement il n’était point l’homme le plus modeste du monde, au contraire, il avait une si bonne opinion de lui-même que, dans quelque compagnie que le hasard pût le placer, il se mettait toujours en idée au niveau des autres, de sorte qu’il se trouvait aussi à son aise dans la plus haute société qu’au milieu de ses compagnons ordinaires. Ce qui le fortifiait grandement dans la haute opinion qu’il avait de son mérite, c’étaient ses idées sur la profession militaire, qui, comme il le disait, rendait un brave cavalier le camarado d’un empereur.

Dalgetty entra donc dans la salle d’audience et en parcourut toute