Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/461

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Rendez-nous les cabanes que vous avez brûlées, nos enfants que vous avez massacrés ; nos veuves que vous avez fait mourir de faim, retirez du gibet et des créneaux de vos murailles les cadavres déchirés et les crânes blanchis de nos parents ; faites-les revivre et nous bénir, et nous serons vos vassaux et vos frères ; jusque-là, la mort, le sang et la vengeance tireront entre nous un voile épais de division. — Vous ne voulez donc rien faire pour obtenir votre liberté ? dit le Campbell. — Tout… excepté de me dire l’ami de votre tribu, répondit Mac Eagh. — L’amitié des bandits et des catérans[1] ! répondit Murdoch ; nous les méprisons trop pour nous abaisser à l’accepter. Ce que je désire savoir de vous, en échange de votre liberté, c’est le lieu où se trouve maintenant la fille et l’héritière du chevalier d’Ardenvohr. — Pour la marier à quelque parent peu fortuné de votre grand maître, dit Ranald, car telle est la coutume des enfants de Diarmid ! La vallée de Glenorqhuy, à cette heure même, ne crie-t-elle pas honte contre la violence exercée sur cette fille que ses parents conduisaient au palais de leur souverain ? Ne furent-ils pas obligés de la cacher sous une chaudière, autour de laquelle ils combattirent jusqu’à ce qu’il n’en restât pas un pour raconter cette histoire ? et la fille ne fut-elle pas amenée ensuite dans ce fatal château, et mariée après au frère de Mac Callum Moore ? et tout cela parce qu’elle avait une fortune considérable. — Quand cela serait vrai, dit Murdoch, elle obtint un rang plus élevé que celui que le roi d’Écosse lui aurait donné. Mais il ne s’agit pas de cela. La fille de sir Duncan d’Ardenvohr est de notre sang, et n’est point une étrangère ; et qui a plus de droits à connaître son destin que Mac Callum Moore, le chef de son clan ? — C’est donc en son nom que vous m’interrogez, » dit le proscrit.

Le domestique fit un signe affirmatif. — Et vous ne ferez aucun mal à la jeune fille ? je lui en ai déjà fait assez moi-même. — Aucun, sur la parole d’un chrétien, répondit Murdoch. — Et ma récompense sera la vie et la liberté ? — Telle est notre convention. — Sachez donc que l’enfant que j’ai sauvée par compassion lorsque nous prîmes d’assaut la forteresse de son père, fut élevée et adoptée comme fille de notre tribu, jusqu’au moment où nous fûmes vaincus, au défilé de Bellenduthil, par le démon incarné et les ennemis mortels de notre tribu, Allan Mac-Aulay à la main sanglante, et les cavaliers de Lennox, commandés par l’héritier

  1. Voleurs des montagnes d’Écosse, ainsi que nous l’avons dit ailleurs. a. m.