Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/473

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nald, je commence à croire que nous aurions mieux fait de nous en tenir au pain noir et à la cruche d’eau jusqu’à l’arrivée de sir Duncan, qui, pour son honneur, n’aurait pu faire autrement que de parler en ma faveur. — Saxon, répondit Mac Eagh, ne regrette pas d’avoir échangé l’air mortel de notre prison contre l’air libre du ciel. Et, par-dessus tout, ne te repens pas d’avoir rendu service à un Enfant du Brouillard. Mettez-vous sous ma conduite, et je réponds de votre sûreté sur ma tête. — Pouvez-vous me conduire à travers ces montagnes jusqu’à l’armée de Montrose ? demanda Dalgetty. — Si je le puis ! il n’y a point d’homme auquel les passages des montagnes, les cavernes, les vallées, les buissons, les gués, soient aussi connus qu’aux Enfants du Brouillard. Pendant que les autres rampent dans la plaine, sur les bords des lacs et des ruisseaux, nous recherchons, nous, les précipices escarpés des montagnes inaccessibles, les sources ignorées des torrents. Tous les limiers d’Argyle ne pourront découvrir les passages à travers lesquels je vous guiderai. — Dis-tu vrai, honnête Ranald ? Alors, marche en avant, et je le suis ; car si je prenais le gouvernail, jamais je ne conduirais notre barque à bon port. »

Le proscrit s’enfonça donc dans les bois qui entouraient le château à plusieurs milles à la ronde, marchant avec tant de vitesse que Gustave, pour le suivre, fut obligé de prendre le grand trot, et faisant tant de détours, et suivant tant de sentiers, que le major ne sut bientôt plus où il se trouvait, ni où il allait. Enfin, après avoir suivi pendant quelque temps un sentier qui, par degré, devenait de plus en plus difficile, ils se trouvèrent au milieu de buissons et de taillis. Le mugissement d’un torrent se faisait entendre, et le chemin était devenu tout à fait impraticable pour un cheval.

« Comment sortir d’ici ? dit Dalgetty ; j’ai bien peur d’être obligé d’abandonner Gustave. — N’ayez aucune inquiétude pour votre cheval, il vous sera bientôt rendu. »

À ces mots, il siffla doucement, et un jeune montagnard à moitié nu, dont les longs cheveux, attachés avec une courroie de cuir, recouvraient sa tête et la mettaient à l’abri du soleil et de la pluie, sortit comme une bête fauve d’un buisson de ronces et d’épines. Il était maigre, décharné ; et ses yeux, gris farouches, paraissaient dix fois plus grands qu’ils ne le sont ordinairement dans une figure humaine.

« Donnez votre cheval à cet enfant, dit Ranald Mac Eagh, votre vie en dépend. — Diable ! diable ! s’écria le vétéran au dé-