Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/481

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avant de vos piquiers, de vos haches de Lochaber et de vos épées à deux mains. Ferme, dragons, sur le flanc gauche ! Où en étais-je ? Ah, Ranald, si vous songez à la retraite, laissez quelques mèches allumées sur les branches d’arbres ; cela fera croire à l’ennemi qu’il y a encore là des fusiliers. Mais, j’oubliais ; vous n’avez ni mousquets à mèches, ni cuirasses, rien que des arcs et des flèches ; des arcs et des flèches ! ha, ha, ha ! »

Le major tomba dans un état d’épuisement, tout en cédant à l’envie de rire qu’excitait en lui l’idée de ces anciennes armes. Il fut long-temps à reprendre ses sens ; et, en attendant qu’il les recouvre, nous le laisserons aux soins des Filles du Brouillard, gardes malades aussi bonnes et aussi attentives en réalité qu’elles étaient sauvages et grossières en apparence.





CHAPITRE XV.

progrès de montrose.


Si tu es fidèle à ta parole, si tu es sincère et constant, je te rendrai fameux par ma plume, et glorieux par mon épée. Je te servirai par des moyens si nobles, que jamais on n’en aura vu de tels ; j’embellirai, je couronnerai ta tête de lauriers, et je t’aimerai de plus en plus.
Vers de Montrose.


Il nous faut maintenant, à notre grand regret, laisser le brave major Dalgetty se guérir de ses blessures, ou suivre le sort qui lui est réservé, pour dire quelques mois des opérations militaires de Montrose, quoiqu’elles soient dignes d’un meilleur écrivain et d’un historien plus grave. Avec le secours des chieflains dont nous avons parlé plus haut, et plus spécialement par la jonction des Murray, des Stewarts et des autres clans d’Athol qui étaient remplis de zèle pour la cause royale, il fut bientôt à la tête d’une armée de deux ou trois mille Highlanders, auxquels il fut assez heureux pour réunir les Irlandais de Colkitto.

Ce dernier chef, qui, au grand embarras des commentateurs de Milton, est cité dans un des sonnets de ce grand poète[1], s’ap-

  1. L’ouvrage de Milton, intitulé Tetrachordon,, avait, à ce qu’il paraît, été tourné en ridicule par les théologiens assemblés à Westminster, à cause de son titre rude à prononcer ; et Milton, dans un de ses sonnets, se venge sur les noms écossais plus durs encore que la guerre civile avait rendus familiers aux oreilles anglaises.
    « Pourquoi ce mot paraît-il plus dur, messieurs, que Gordon, Colkitto, ou Mac Donald, ou Gallasp ? Ces noms barbares, qui sont facilement prononcés par vous, auraient effrayé Quintilien, et l’auraient fait rester la bouche béante. »
    « Nous devons croire, dit l’évêque Newton, que c’étaient les noms de personnages distingués parmi les ministres écossais qui avaient été les plus ardents et les plus zélés pour la propagation du Covenant, » tandis que Milton, ayant seulement intention de tourner en ridicule les noms écossais, qui sont en général barbares, cite, sans distinction, celui de Gillespie, un des apôtres du Covenant ; et ceux de Colkitto et de Mac Donald (qui appartiennent tous les deux à la même personne), un de ses ennemis les plus acharnés. a. m.