Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/518

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vohr obtint quelque avantage par sa tactique et la supériorité du nombre. Il avait étendu obliquement le flanc de sa ligne à l’instant même où les royalistes, fondant tout à coup sur eux, se préparaient à en venir aux mains, de manière qu’ils essuyèrent un feu de mousqueterie tout à la fois en avant et sur le côté ; et, malgré les efforts incroyables de leur chef, la confusion se mit dans leurs rangs. En ce moment sir Duncan Campbell donna l’ordre de charger, de sorte que ce fut lui qui commença l’attaque au lieu de la recevoir. Un changement de circonstances aussi subit et aussi imprévu est toujours décourageant et souvent funeste. Mais le désordre fut réparé par le corps de réserve irlandais, dont le feu constant et soutenu força le chevalier d’Ardenvohr à abandonner son avantage et à se contenter de repousser l’ennemi. Pendant ce temps Montrose, profitant de quelques bouleaux épars çà et là, ainsi que de la fumée produite par le feu continuel de la mousqueterie irlandaise, qui cachait ses mouvements à l’ennemi, donna ordre à Dalgetty de le suivre avec sa cavalerie ; et, faisant un circuit de manière à prendre en flanc l’aile droite et même l’arrière-garde de l’ennemi, il commanda à ses six trompettes de sonner la charge. Leur son éclatant et le bruit du galop des chevaux produisirent sur l’aile droite d’Argyle un effet que rien autre n’aurait pu produire. Les Highlanders d’alors avaient, comme les Péruviens, une crainte superstitieuse du cheval de guerre, et une foule d’idées étranges sur la manière dont cet animal était dressé au combat. Au moment où leurs rangs furent enfoncés si inopinément, qu’ils aperçurent au milieu d’eux les objets de leur épouvante, une terreur panique s’empara d’eux, et, malgré tous les efforts de sir Duncan pour en arrêter le progrès, elle devint générale. Il est certain que la figure seule du major Dalgetty, couvert d’une armure impénétrable et faisant bondir et caracoler son cheval de manière à donner plus de poids à chaque coup qu’il portait, était une nouveauté suffisante pour terrifier ceux qui n’avaient jamais vu d’autre cavalier qu’un gros Highlander se dandinant sur un petit cheval.

Les royalistes repoussés retournèrent à la charge ; les Irlandais, conservant leurs rangs, entretinrent constamment un feu meurtrier ; et bientôt il n’y eut plus aucune apparence que le combat durât plus long-temps. Les gens d’Argyle commencèrent à plier et à prendre la fuite, la plupart vers le lac, le reste dans différentes directions. La défaite de l’aile droite était décisive, et