Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/91

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c’est positivement tout ce que je désire pour ce soir. — Je crains, dit Ravenswood, que vous ne fassiez un pauvre souper ; j’entends Caleb et Mysie qui sont en grande discussion à ce sujet ; Le pauvre Balderstone joint à ses autres qualités celle d’être un peu sourd ; et souvent il laisse entendre de ceux auxquels il voudrait les cacher, des choses qu’il croit ne se dire qu’à lui-même. Écoutez. »

Ils prêtèrent l’oreille et entendirent cette conversation de Caleb avec Mysie.

« Faites pour le mieux, dit Caleb, faites pour le mieux, femme ; il est facile de donner une bonne tournure à tout ce que l’on fait. — Mais la vieille couveuse ? elle sera aussi dure que des cordes d’arc ou du cuir tendu. — Dites que vous avez fait une méprise dites que c’est une méprise de votre part, Mysie, » répliqua le fidèle sénéchal d’une voix douce et moins élevée ; « il ne faut jamais que l’honneur de la maison soit compromis. — Mais la poule ? Elle est à couver quelque part sous le dais de la salle, et je n’ose y entrer le soir de peur du revenant ; et si je ne le vois pas, je n’en verrai pas mieux la poule, car il y fait noir comme dans un puits, et il n’y a pas d’autre lumière dans la maison que cette bienheureuse lampe que le maître tient à la main. Et quand même j’aurais la poule, il faut la plumer, la vider, la faire cuire ; et comment puis-je le faire, pendant qu’ils sont assis auprès du seul feu que nous ayons ? — Eh bien ! en bien ! Mysie, attends ici un moment, et je vais essayer de leur enlever adroitement la lampe. »

En conséquence, Caleb Balderstone entra dans la chambre, ne se doutant guère que sa conversation et sa ruse avaient été entendues. « Eh bien ! Caleb, mon vieil ami, y a-t-il quelque espoir de souper ? » demanda le maître de Ravenswood.

« Espoir de souper, milord ! » répéta Caleb d’un ton qui le faisait paraître offensé du doute qu’exprimait la question. « Comment pourrait-il y avoir du doute, quand nous sommes dans la maison de votre seigneurie ? Espoir de souper, vraiment !… Mais vous n’êtes pas pour la viande de boucherie. Nous avons d’excellentes volailles en abondance, toutes prêtes à être mises à la broche, ou à être grillées… Le chapon gras, Mysie ! » cria-t-il avec autant d’assurance que si pareille chose eût existé dans la maison. — C’est tout à fait inutile, » dit Bucklaw, qui se crut obligé par courtoisie de soulager le vieux sommelier d’une partie de ses peines et