yeux tous ses mouvements, vit que cette armoire contenait aussi deux ou trois longs arcs, une arquebuse, des traits et des flèches, une harpe, et d’autres objets qui ne paraissaient guère à l’usage d’un ermite.
« Brave cénobite, reprit le chevalier, je ne te ferai plus de questions indiscrètes : les objets contenus dans cette armoire y répondent d’avance ; mais, » ajouta-t-il en prenant la harpe, « j’y vois une arme sur laquelle j’essaierais bien plus volontiers avec toi mon adresse, qu’avec l’épée et le bouclier.
— J’espère, sire chevalier, que ce n’est pas avec trop de justice que l’on t’a donné le surnom de Fainéant ; toutefois, tu me donnes là-dessus de graves soupçons. Au surplus, tu es mon hôte, et je ne veux mettre ton courage à l’épreuve qu’autant que tu y consentirais. Assieds-toi donc, et remplis ta coupe ; buvons, chantons, et menons joyeuse vie. Si tu sais quelque bon virelai, tu seras le bienvenu au festin de l’ermite de Copmanhurst aussi long-temps que je desservirai la chapelle de Saint-Dunstan ; et ce sera, s’il plaît à Dieu, jusqu’à ce que j’échange mon toit de chaume contre un toit de gazon. Allons ! remplis ta coupe, car il faudra quelque temps pour accorder la harpe ; et rien ne lubrifie le gosier et n’aiguise l’ouïe comme un bon verre de vin. Moi, j’aime à sentir le jus de la treille couler jusqu’au bout de mes doigts avant de faire vibrer les cordes de mon instrument. »
CHAPITRE XVII.
Malgré l’invitation du jovial ermite, à laquelle il se rendit volontiers, le chevalier reconnut que le spécifique indiqué n’était pas infaillible, car il ne parvint qu’à grand’peine à accorder la harpe.