Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/189

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coulait de ses blessures ; mais le jeune héros n’y était déjà plus, il semblait que des fées l’eussent emporté loin de ces lieux. Superstitieux comme l’étaient tous les Saxons, Oswald aurait peut-être expliqué par cette supposition la disparition d’Ivanhoe, s’il n’eût tout-à-coup aperçu un homme couvert d’une espèce de casaque d’écuyer, dans lequel il reconnut les traits de son camarade Gurth. Inquiet du sort de son maître et désolé de ne le point trouver, le gardeur de pourceaux le cherchait partout, oubliant, dans sa préoccupation d’esprit, de prendre les précautions qu’exigeait le soin de sa propre sûreté. Oswald crut de son devoir d’arrêter Gurth comme un déserteur sur le sort duquel son maître devait prononcer.

De nouvelles recherches sur ce qu’était devenu Ivanhoe ne purent rien apprendre à Oswald, sinon que le chevalier avait été placé par des valets bien vêtus dans la litière d’une dame qui se trouvait au nombre des spectateurs, et avait été immédiatement transporté hors de l’arène, ce qui le détermina à retourner auprès de Cedric pour prendre de nouveaux ordres, emmenant avec lui le gardeur de pourceaux, qu’il regardait comme un fugitif qui s’était soustrait à ses devoirs.

Cedric avait été dans les plus vives alarmes à l’égard de son fils jusqu’au retour de l’échanson, car la nature avait fini par l’emporter sur ce stoïcisme patriotique devant lequel elle avait cédé d’abord. Mais dès qu’il sut qu’Ivanhoe se trouvait entre des mains probablement amies, l’amour paternel fit de nouveau place à l’orgueil blessé et au ressentiment que lui causait la désobéissance de son fils. « Qu’il aille où il voudra, dit-il ; que ceux pour l’amour desquels il a couru tant de périls prennent soin de ses blessures ! Il est plus fait pour se signaler dans les tours de jongleurs de la chevalerie normande que pour soutenir l’honneur et la réputation de ses ancêtres saxons avec le glaive et la hache, anciennes et invincibles armes de son pays.

— Si pour soutenir la gloire de ses aïeux, » dit lady Rowena qui se trouvait présente, « il suffit d’être sage au conseil et brave au combat, d’être le plus courageux parmi les courageux, et le plus doux et le plus aimable entre les plus galants, je ne connais que la voix de son père qui puisse…

— Silence ! lady Rowena, ce sujet est le seul sur lequel je ne puisse vous entendre. Préparez-vous pour le banquet du prince. Nous ayons été invités avec une rare courtoisie, avec des égards