Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/344

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— Silence ! impertinent que tu es, reprit l’ermite ; de quoi te mêles-tu de parler de conversion ? N’y a-t-il donc plus de subordination ici ? Tout le monde y est-il maître ? Je te dis, drôle, que j’étais encore fatigué lorsque j’ai reçu le coup du brave chevalier, sans quoi j’aurais résisté à la violence : mais si tu veux que nous recommencions ensemble le même jeu, je te ferai voir que je sais donner aussi bien que recevoir.

— Allons, paix ! dit le capitaine, occupons-nous de sujets plus utiles. Et toi, Juif, pense à ta rançon. Je n’ai pas besoin de te dire que ta race est réputée maudite dans toute la chrétienté, et que ta présence est fort peu agréable pour nous. Ainsi pense à l’offre que tu as à nous faire, pendant que je vais interroger un prisonnier d’une autre espèce.

— A-t-on pris un grand nombre des soldats de Front-de-Bœuf ? demanda le chevalier Noir.

— Aucun qui soit capable de payer rançon, répondit Locksley, quelques pauvres diables que nous avons renvoyés chercher un autre maître. Notre vengeance était satisfaite, et nous avons eu quelque profit, c’était assez ; tout le reste ne valait pas un quart d’écu. Mais, quant au prisonnier dont je parle, c’est différent : c’est un moine réjoui, qui probablement s’était mis en route pour aller rendre visite à sa belle, du moins à en juger par le luxe de son train et par celui de ses habits. Mais voici le digne prélat, aussi dégagé qu’un jouvenceau. » Et notre ancien ami Aymer, prieur de Jorvaulx, escorté de deux archers, parut devant le trône champêtre du chef de ces audacieux outlaws.


CHAPITRE XXXIII.


Cominius. Fleur des guerriers, quelles nouvelles nous donnerez-vous de Titus Lartius ? Que fait-il ?
Coriolan. Occupé à remplir les devoirs de sa place ; condamnant les uns à la mort, les autres à l’exil ; remettant la rançon de celui-ci ; plaignant celui-là, ou lui pardonnant, tandis qu’il menace le reste.
Shakspeare, Coriolan.


Les traits et la contenance du prieur prisonnier offraient un mélange bizarre d’orgueil offensé, de fatuité comprimée et d’une terreur bien visible.