Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/488

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Torquilstone et au champ clos de Templestowe, Adieu. Cependant il me reste une dernière prière à vous faire : acceptez cette cassette, et ne dédaignez pas de porter ce qu’elle contient. »

Elle lui présentait un petit coffre d’ivoire enrichi d’ornements, et lady Rowena, l’ayant ouvert aussitôt, y trouva un collier et des boucles d’oreilles en diamants qui étaient d’une valeur inexprimable.

« Il est impossible, » lui dit la jeune princesse en voulant le lui rendre, « que j’accepte un présent d’un si grand prix.

— Conservez-le, noble dame ; vous avez en partage le pouvoir, la grâce, le crédit, la force ; nous n’avons pour nous que la richesse, source de notre force et de notre faiblesse. La valeur de ces bagatelles, multipliée dix fois, n’aurait pas la même influence que le moindre de vos souhaits. Ce présent est donc de peu de valeur pour vous, et il en a moins encore pour moi. Permettez-moi de croire que vous ne partagez pas les injustes préjugés de votre nation a l’égard de mes coreligionnaires. Pensez-vous que j’estime ces pierres brillantes plus que ma liberté, ou qu’elles aient aux yeux de mon père plus de prix que la vie et l’honneur de sa fille ? Acceptez-les, noble dame ; elles n’ont aucune valeur pour moi : je ne porterai plus de semblables joyaux.

— Vous êtes donc malheureuse ? » s’écria Rowena frappée du ton avec lequel Rébecca venait de prononcer ces dernières paroles. « Oh ! demeurez avec nous ! Les avis d’hommes pieux vous convertiront à notre croyance et vous feront renoncer à votre funeste erreur : alors je deviendrai une sœur pour vous.

— Non, » répondit Rébecca avec cette mélancolie tranquille et douce qui régnait dans ses accents et sur ses traits angéliques : « je ne saurais quitter la foi de mes pères comme un vêtement non approprié au climat que j’habite ; cependant je ne serai pas malheureuse ; celui a qui je consacre désormais ma vie deviendra mon consolateur si je remplis sa volonté.

— Votre nation a-t-elle donc des couvents, et vous proposez-vous de vous y retirer ?

— Non, noble dame ; mais depuis le temps d’Abraham jusqu’à nos jours, nous avons eu de saintes femmes qui ont élevé toutes leurs pensées vers le ciel, et se sont dévouées au soulagement de l’humanité en soignant les malades, secourant les nécessiteux et consolant les affligés. Rébecca ira se mêler parmi elles ; dites-le à votre noble époux, s’il lui arrive de s’enquérir du sort de celle à qui il a sauvé la vie. »