« Non, Isaac, tu ne connais pas encore tous les périls du combat ; le cheval peut être tué, l’armure endommagée, car je n’épargnerai ni l’un ni l’autre ; d’ailleurs les gens de ta tribu ne donnent rien pour rien, et il faudrait que je payasse quelque chose pour m’en être servi. »
Le Juif se tordit sur sa selle comme un homme atteint de la colique ; mais de meilleurs sentiments prédominèrent sur ceux qui lui étaient le plus familiers :
« N’importe, dit-il, n’importe ; laissez-moi partir. S’il y a quelque dommage, il ne vous en coûtera rien ; s’il y a quelque argent de perdu, Kirgath Jaïram l’oubliera pour l’amour d’Isaac, son parent. Adieu ; cependant, écoutez, bon jeune homme, dit-il en se retournant et en grimaçant de crainte ; ne vous emportez pas trop dans ce vain tumulte ; je ne veux pas dire que vous n’exposiez pas trop le cheval ni l’armure ; je veux parler de votre vie.
— Grand merci de ta sollicitude, dit le pèlerin souriant de nouveau ; je profiterai de ta franche courtoisie, et j’aurai bien du malheur si je ne puis en tenir compte. »
Ils se quittèrent et prirent chacun une route différente pour entrer à Sheffield.
CHAPITRE VII.
La condition du peuple anglais dans ce temps-là était fort malheureuse. Le roi Richard était absent, détenu prisonnier et au pouvoir du perfide et cruel duc d’Autriche. Le lieu même de sa captivité restait ignoré, et son sort n’était qu’imparfaitement connu de la géné-