Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/91

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lon central, dans une place d’honneur, avait été assigné à Brian de Bois-Guilbert, dont la renommée dans tous les combats de chevalerie, non moins que sa liaison avec les chevaliers qui avaient conçu l’idée de cette passe-d’armes, l’avait fait accueillir avec empressement dans la compagnie des tenants qui l’avaient même adopté pour chef.

D’un côté de sa tente se trouvait celle de Reginald Front-de-Bœuf et de Richard de Malvoisin, et de l’autre côté se voyait le pavillon de Hugues de Grantmesnil, noble baron du voisinage, dont l’aïeul avait été lord grand-maître d’Angleterre au temps de Guillaume-le-Conquérant et de son fils Guillaume-le-Roux. Ralph de Vipont, chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qui possédait d’anciens domaines à l’endroit appelé Heather, près Ashby-de-la-Zouche, occupait le cinquième pavillon. Un passage large de trente pieds menait à la plate-forme sur laquelle étaient plantées les tentes. Il était fortement garanti par une palissade de chaque côté de la même manière que l’était l’esplanade devant les pavillons, et le tout était gardé par des hommes d’armes.

L’entrée septentrionale était disposée de la même façon, et elle aboutissait à un espace fermé qu’on réservait aux chevaliers qui voudraient figurer comme acteurs avec les tenants, derrière lesquels étaient placées des tentes contenant des rafraîchissements de tout genre, avec les armuriers, les maréchaux-ferrants, et autres artisans prêts à donner du secours en utilisant leurs services partout où il serait besoin.

L’extérieur de la lice était en partie occupé par les galeries temporaires où l’on avait étendu des tapisseries et des tapis, et où se trouvaient des sièges et des coussins pour les dames et les seigneurs qui devaient assister au tournoi. Un espace étroit, entre les galeries et la lice, était affecté aux yeomen[1] et aux spectateurs d’une classe un peu au dessus du vulgaire ; ce lieu pouvait se comparer au parterre d’un théâtre. La multitude, pêle-mêle, occupait les larges bancs de gazon préparés à ce dessein, et qui, par l’élévation naturelle du terrain, lui permettaient de voir par dessus les galeries, et de jouir du spectacle. Outre les avantages que présentaient ces différentes stations, des centaines de curieux s’étaient perchés aux branches des arbres qui entouraient le préau, et même le clocher

  1. Ce mot, dont le singulier est yeoman, désigne aujourd’hui en Angleterre la garde bourgeoise à cheval, composée des petits propriétaires fermiers. a. m.