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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/219

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drap d’or, que je portais à la dernière fête, avec le baudrier et la garniture qui y correspondent ; de plus, deux paires de culottes larges en soie noire, avec des jarretières pendantes de soie rouge ; de plus, le doublet de soie couleur de chair avec la garniture et la fourrure dont je me parais pour danser le ballet du sauvage à la mascarade de Gray’s-inn ; de plus…

— Sir chevalier, dit le sous-prieur, je vous prie de ne pas pousser plus loin l’inventaire de votre garde-robe. Les moines de Sainte-Marie ne sont pas des barons maraudeurs : quels que soient les vêtements adressés à notre maison, ils ont été aujourd’hui fidèlement apportés dans ce lieu, dans vos malles. Je pense, d’après ce que vous venez de me communiquer, et d’après ce que le comte de Northumberland nous a donné à entendre, que vous désirez, pour le moment, demeurer aussi inconnu que votre mérite et vos qualités le permettront.

— Hélas ! révérend père, répondit le courtisan, une lame dans sa gaine ne peut briller ; un diamant dans un écrin ne peut étinceler, et lorsque le mérite est forcé par les circonstances de se tenir dans l’obscurité, il ne peut attirer l’observation, la retraite ne peut fixer l’admiration que du peu de gens auxquels les circonstances me permettent de me faire connaître.

— Je pense maintenant, mon vénérable père, dit le sous-prieur, que Votre Sagesse assignera à ce noble chevalier une manière d’agir qui ne pourra compromettre ni sa sûreté, ni celle de la communauté ; car vous savez les périlleuses tentatives qui ont été faites dans ces jours audacieux pour détruire les fondements de l’Église, et qu’on a même souvent menacé notre saint monastère. Jusqu’ici on n’a trouvé aucun moyen de nous surprendre ; mais un parti ami de la reine d’Angleterre aussi bien que des doctrines de l’Église schismatique l’emporte maintenant à la cour de notre souveraine, qui craint de donner à son clergé la protection qu’elle devrait se trouver heureuse de lui assurer.

— Révérend père, » dit le chevalier avec joie, « je vous laisserai parler de cela plus à votre aise hors de ma présence, et, pour m’expliquer franchement, je suis curieux de voir en quel état le chambellan de mon noble parent a trouvé ma garde-robe, comment il l’a empaquetée, et si elle a souffert du voyage. Il y a quatre parures d’une invention aussi pure et aussi élégante que jamais ait pu en imaginer le caprice d’une jolie femme, ayant chacune trois garnitures différentes en rubans et franges assor-