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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/286

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La position de cette ancienne forteresse était singulière ; elle était placée sur une petite île hérissée de rochers, dans un lac des montagnes, ou tarn, comme on appelle une semblable pièce d’eau dans le West-Moreland. Le lac pouvait avoir environ un mille de circonférence ; il était entouré de rochers d’une prodigieuse hauteur, arides et couverts de bruyères ; de vieux arbres et d’épaisses broussailles remplissaient les ravins qui séparaient ces rochers les uns des autres. Ce qui surprenait le plus en cet endroit c’était de trouver une pièce d’eau placée dans un lieu montueux et escarpé. Le paysage que l’on découvrait à l’entour pouvait être plutôt appelé sauvage que romantique ou sublime ; cependant son aspect n’était pas dépourvu de charmes. Par un soleil brûlant d’été, le clair azur du lac calme et profond rafraîchissait la vue et inspirait à l’âme un sentiment délicieux qui portait à la rêverie. En hiver, lorsque la neige couvre les montagnes, leur masse éblouissante semblait s’élever au-delà de sa hauteur accoutumée, tandis que le lac qui s’étendait au-dessous couvrait leur pied d’une nappe de glace, et paraissait comme la surface d’un vaste miroir brisé autour de l’île sombre et rocailleuse et des murs rembrunis du château dont elle était couronnée.

Comme le château occupait, ainsi que ses bâtiments principaux et ses murailles extérieures, tous les points saillants du roc qui lui servaient de fondation, il semblait entouré d’une ceinture d’eau comme le nid d’un cygne sauvage, excepté par un côté, où un chemin étroit réunissait l’île à la rive opposée ; mais il était plus vaste en apparence qu’il ne l’était en effet ; et des bâtiments qu’il contenait, plusieurs étaient tombés en ruine et devenus inhabitables. À l’époque de la splendeur de la famille d’Avenel, ils avaient été occupés par une garnison considérable de partisans et d’hommes dévoués ; mais ils étaient maintenant presque déserts ; et Julien Avenel aurait probablement établi sa demeure dans un lieu plus convenable à sa médiocre fortune, s’il n’eût considéré la grande sécurité que la situation du vieux château apportait à un homme dont la manière de vivre était si précaire et si périlleuse. Sous ce rapport, il n’était pas possible de mieux choisir, car on pouvait rendre le lieu presque inaccessible, selon la volonté de ses habitants. La distance la plus proche entre la rive et l’île n’était pas de plus de cent verges ; mais la chaussée qui les joignait était extrêmement étroite et entièrement divisée par deux tranchées, l’une à mi-chemin entre l’île et le rivage, et l’autre proche de la